Dialogue Afrique-Europe sur l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes : "De façon générale, quand les femmes prennent le pouvoir, il y a souvent une présomption d'incompétence'"

Actus. Jessica Annor est chargée de programme à l'Agence de développement de l'Union africaine, qui a coorganisé, à Paris, la journée de Dialogue Afrique-Europe sur l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes à travers le continent, mercredi 1er octobre.

Dialogue Afrique-Europe sur l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes :  "De façon générale, quand les femmes prennent le pouvoir, il y a souvent une présomption d'incompétence'"
L'Agence de développement de l'Union africaine et l'OCDE ont organisé mercredi 1er octobre la première édition du "Dialogue Afrique-Europe : Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes à travers les continents"

L'Union africaine adopte, depuis 2018 et jusqu'en 2028, une stratégie pour parvenir à l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes sur le continent. D'ailleurs, d'après le dernier rapport du Forum économique mondial, la parité est respectée dans certains pays comme la Namibie, le Cap-Vert, l'Afrique du Sud, le Rwanda, le Libéria, et moins dans d'autres pays comme le Soudan, le Tchad, la Guinée, la RDC.
Qu'est-ce qui explique ces écarts ?

Alors, je pense que la première explication, c’est le manque de volonté politique. Souvent, les dirigeants ne prennent pas le problème à bras-le-corps et laissent perdurer des disparités assez criantes au sein des parlements, au sein du gouvernement.

Une fois qu’un leader décide de s’engager pour l’égalité des sexes et la représentation des femmes dans le secteur public, tout change.

On a eu, par exemple, au Ghana, récemment, la nomination de la première vice-présidente et d’une femme présidente de l’Assemblée nationale (Speaker du Parlement).
Ça fait énormément pour les femmes, et c’est une situation totalement inédite. Pourquoi ? Parce qu’il y a aussi des gens au sein du parti de cette femme présidente qui ont décidé de lui donner sa chance pour qu’elle soit le porte-étendard du parti.

Donc, c’est vrai que ça commence déjà au niveau du parti, et ensuite, ça se répercute dans les urnes.

Avec l’Agence de développement de l’Union africaine, vous dialoguez avec les 55 pays membres de l’Union. Mais comment se passe le dialogue avec les États, en particulier ceux où la parité recule ? On peut prendre l’exemple du Togo ou du Mozambique, pour ne citer qu’eux.

Je suis la personne en charge de tout ce qui concerne les quotas, donc les quotas pour les jeunes et pour les femmes.
C’est une initiative qui s’appelle : "Jeunes et femmes, Women and Youth Financial and Economic Inclusion Initiative". C’est une initiative de l’Union africaine en faveur de l’inclusion économique et financière des jeunes et des femmes, et qui prend en compte les quotas pour ces deux groupes.

Pour sensibiliser les dirigeants, comme ceux du Togo, du Mozambique, etc., nous avons commencé par réunir les meilleures pratiques en matière de parité et d’inclusion des jeunes, notamment en observant des pays comme le Rwanda.

Au Rwanda, on voit qu’ils sont très intentionnels sur la question de la parité : c’est inscrit dans leur Constitution, et ils appliquent ces principes de manière concrète.

Mais cela va au-delà des femmes : pour les jeunes aussi, ils donnent vraiment leur chance. 

Chaque année, par exemple, le président Kagame organise des forums où les jeunes peuvent lui poser toutes leurs questions et l’interpeller directement sur les situations qu’ils vivent.

Sur le continent, il existe différentes représentations de femmes. Il y a des présidentes, des femmes d’affaires, des scientifiques, des avocates… Tous les profils sont présents. Toutefois, comment sont perçues les femmes sur le continent ? 

De façon générale, quand les femmes prennent le pouvoir, il y a souvent une présomption d'incompétence. On se demande : Est-ce qu'elle est vraiment qualifiée pour être à ce poste ? Alors que ce n'est pas le cas pour un homme.

Il y a d'autres présomptions pour les hommes, mais pas une présomption d'incompétence comme on en a pour les femmes.

Ces femmes doivent redoubler d'efforts dans tout ce qu'elles font pour prouver qu'elles sont à la hauteur de cette opportunité qui leur a été donnée. Et je trouve ça vraiment dommage. Et c'est pour ça que, dans le pilier trois du programme que je lance, sur l'autonomisation des femmes en Afrique, je prends à bras-le-corps ce problème et j'aide les femmes dans le secteur public.

Parce qu'il y en a, elles sont compétentes, elles arrivent à ces postes, mais ensuite, elles sont ridiculisées, elles sont moquées et elles perdent confiance en elles.

Donc, comment fait-on pour les coacher, les mentorer ? Et surtout, j'aimerais que le mentorat se fasse par des chefs d'État, hommes et femmes, surtout hommes, parce qu'ils ont réussi à manœuvrer dans le champ du politique et ils ont des conseils à donner à ces femmes.

On a trop de discussions de femmes à femmes, ce qui est tout à fait bien. Mais souvent, on se rend compte que les personnes qui ouvrent les portes pour d'autres femmes sont souvent des hommes. Donc, il faut aussi  les amener à la table de ces réflexions.

 

 

 

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