Exposition. Au musée Albert-Kahn, le Bénin des années 30 s'expose à tous les regards

Actus. Le musée Albert-Kahn expose plus d’une centaine de photographies et d’extraits de films issus de ses archives, montrant la vie dans le Dahomey des années 1930, aux côtés d’œuvres de sept artistes contemporains béninois et d'autres pays africains.

Exposition. Au musée Albert-Kahn, le Bénin des années 30 s'expose à tous les regards
Le musée Albert-Kahn expose plus d’une centaine de photographies et d’extraits de films issus de ses archives, montrant la vie dans le Dahomey des années 1930 - Keisha MOUGANI

"Il y a des danses, plein de choses que nous voyons, qui demeurent aujourd'hui. Il y a des danses que je reconnais", déclare Angelo Moustapha. Le musicien, originaire du Bénin, a créé un ciné-concert intitulé Ibilè (l'identité, l'origine, en Yoruba) dans lequel il redonne vie à des extraits de films montrant le quotidien dans l’ancien royaume du Dahomey, en 1930.

Sa musique accompagne et rythme les séquences filmées qui défilent sur un écran, au-dessus de sa tête. “Quand je vois ça, je vois ma terre. Je me dis : "Ah oui, c’était comme ça avant, dans les années trente ?”, explique l'artiste.

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Angelo Mustapha, lors de la répétition de son ciné-concert, Ibilè (Crédit : Keisha MOUGANI) 

Un extrait de sa création est diffusé dans la salle qui accueille l'exposition "Bénin aller-retour. Regards sur le Dahomey de 1930". Non loin de là, dans une petite pièce, des extraits de films en noir et blanc sont projetés. Une voix chevrotante commente les séquences en train de défiler sur l’écran : c’est celle de Francis Aupiais, un missionnaire à l'origine de l'expédition qui permettra de produire les films et photographies exposés dans le musée. Ses commentaires sont issus de conférences données après la mission. Selon le co-commissaire de l’exposition, Julien Faure-Conorton, ce dernier ne voulait pas que les images et vidéos soient mal interprétées.

“Il valorisait trop la culture dahoméenne, le vaudou, la royauté, et pas assez l’évangélisation"

“Le père Aupiais était un prêtre catholique, missionnaire de la Société des Missions Africaines de Lyon. Il fut envoyé au Dahomey en 1903, peu de temps après le début de la colonisation française (en 1894, Ndlr), et il y resta vingt-trois ans, explique le co-commissaire. Basé à Porto-Novo, il fut véritablement fasciné par ce pays, sa culture et ses habitants, et œuvra à la reconnaissance de la valeur du Dahomey et de ses domaines culturels.”, détaille-t-il. Une volonté qui sera peu appréciée par sa hiérarchie. “Il valorisait trop la culture dahoméenne, le vaudou, la royauté, et pas assez l’évangélisation. On lui interdira de donner des conférences sur ces sujets. Il sera même exilé dans une petite école des Landes. Son travail sera mis à l’écart.”, explique Julien Faure-Conorton.

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Portraits d'un vodunon (un chef de culte) et de vodunsi (à gauche), Frederic Gardmer, 1930 (crédits : Keisha MOUGANI) 

En 1930, il mène, accompagné du photographe Frédéric Gadmer, une mission ethnographique et religieuse pour Les Archives de la planète, une collection constituée entre 1909 et 1931 par le banquier Albert Kahn, et qui rassemble des photographies et des films documentant le quotidien de communautés du monde entier.

Quand le Dahomey s'expose au regard d'artistes contemporains 

Cette mission sera la seule effectuée en Afrique. Ils reviendront avec plus de 1 000 photos et 140 bobines de films, qui dépeignent, sans caricaturer, le mode de vie des Dahoméens, avec une focalisation sur les cérémonies vaudou et royales, les campagnes d’évangélisation, mais aussi les violences commises durant la colonisation. “Les images de nos collections, qui datent d’il y a un siècle, sont en réalité très actuelles, parce que la culture qu’elles montrent existe encore aujourd’hui, et que les questions qu’elles soulèvent.”

Aux côtés des photographies et des films, sont exposées des œuvres contemporaines (tableaux, installations, vidéos) de sept artistes africains et béninois.

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Série Trace d'une reine, Ishola Akpo, 2020 (crédit : Keisha MOUGANI) 

On y retrouve des habitués de certaines manifestations culturelles, comme Ishola Akpo ou Roméo Mivekannin, “qui travaille beaucoup à partir d’archives coloniales, notamment de photographies anciennes”, détaille Julien Faure-Conorton. L’artiste n’hésite pas, dans ses œuvres, à faire un bond dans le passé en s'incrustant dans les scènes qu’il représente.img_7060_(1)

Le prince Robert Danha Béhanzin et ses épouses à Djimé (série Béhanzin), Romuald Mivekannin, 2021

Chacun rend hommage à ce royaume fondé au XVIIe siècle.

Infos pratiques 

« Bénin, aller-retour – Regards sur le Dahomey (1930) »
Musée départemental Albert-Kahn, Boulogne-Billancourt
Jusqu'au 14 juin 2026

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