À la veille de l’annonce des résultats officiels par le Conseil constitutionnel, le Cameroun a connu une journée de tension. À l’appel du candidat de l’opposition Issa Tchiroma Bakary, plusieurs centaines de personnes ont manifesté pacifiquement dans plusieurs villes, malgré l’interdiction de tout rassemblement public décrétée par les autorités.
Les autorités ont restreint la circulation dans de nombreuses zones jusqu’à lundi, date à laquelle sera proclamé le vainqueur. Une décision motivée, selon le ministère de l’Administration territoriale, par la volonté d’éviter toute “crise sécuritaire”.
Garoua, épicentre de la contestation
C’est à Garoua, dans le Nord — fief d’Issa Tchiroma — que la mobilisation a été la plus visible. Des militants brandissant des drapeaux du Cameroun et des banderoles “Tchiroma 2025” ont scandé “Au revoir Paul Biya, Tchiroma arrive !”.
Le candidat affirme avoir remporté 54,8 % des voix, contre 31,3 % pour le président sortant Paul Biya, âgé de 92 ans et au pouvoir depuis 43 ans.
La gendarmerie a rapidement dispersé les rassemblements à l’aide de gaz lacrymogènes, après deux heures de marche. Selon l’opposant, des militaires auraient tenté de l’arrêter à son domicile dimanche matin. Ses partisans assurent monter la garde autour de sa maison depuis plusieurs jours.
Douala et Yaoundé sous haute surveillance
Dans la capitale Yaoundé, la présence policière a été renforcée autour des grands carrefours, mais l’appel à manifester n’a pas été largement suivi.
À Douala, en revanche, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées près de l’aéroport, défiant l’interdiction préfectorale. Deux figures de la société civile, Djeukam Tchameni (Mouvement pour la démocratie et l’interdépendance) et Anicet Ekane (Manidem), ont été interpellées à leurs domiciles vendredi, selon la coalition Union pour le changement 2025, qui soutient Tchiroma.
Une opposition rassemblée mais sous pression
Issa Tchiroma Bakary avait été désigné candidat unique de l’opposition pour ce scrutin, un rare front commun face au président Biya. Le pouvoir dénonce cependant une “manipulation politique” et accuse l’opposant de vouloir “préparer une insurrection”.
Le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a mis en garde contre “des appels à manifester qui participent à la mise en œuvre d’un projet insurrectionnel”.
Le souvenir de 2018, lorsque des dizaines de partisans de Maurice Kamto avaient été arrêtés après avoir contesté la réélection de Paul Biya, reste encore vif.
Alors que le pays retient son souffle avant la proclamation officielle, le spectre d’une nouvelle crise politique plane sur le Cameroun.
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