Présidentielle 2025 en Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara réélu avec 89,77 % des voix, un 4e mandat sans rival

Les chiffres sont sans appel : avec 89,77 % des voix, Alassane Ouattara a été réélu pour un quatrième mandat à la tête de la Côte d’Ivoire, selon les résultats provisoires annoncés lundi par la Commission électorale indépendante (CEI).

Âgé de 83 ans, le président ivoirien s’impose face à quatre adversaires mineurs, dans un scrutin marqué par une participation limitée à 50,1 %. Un désintérêt symptomatique du climat politique tendu et de l’absence des poids lourds de l’opposition.

Le pays, premier producteur mondial de cacao et pôle de stabilité régionale, a ainsi vécu un scrutin sans réelle surprise. Dans le nord, fief du président, les scores ont atteint jusqu’à 99 % à Kong, tandis que certaines zones du sud et de l’ouest, historiquement acquises à l’opposition, ont boudé les urnes. À Yopougon, ex-bastion de Laurent Gbagbo, la participation n’a pas dépassé 31 %.

Gbagbo et Thiam exclus du scrutin

Les deux grandes figures de l’opposition, Laurent Gbagbo (PPA-CI) et Tidjane Thiam (PDCI), n’ont pas participé au scrutin, exclus de la liste électorale — le premier pour une condamnation judiciaire, le second pour des questions de nationalité. Leur absence a profondément marqué la campagne et démobilisé leurs électorats respectifs.

« Le taux de participation montre deux choses : la forte mobilisation du camp Ouattara et la démotivation des partisans du PPA-CI et du PDCI », analyse le politologue Geoffroy Kouao.
Selon William Assanvo, chercheur à l’Institut des études de sécurité (ISS), « le climat de peur et la crispation politique des derniers jours ont accentué l’abstention ».

L’opposition conteste, le pouvoir revendique la stabilité

Le Front commun regroupant le PDCI et le PPA-CI a dénoncé une élection « sans légitimité » et une « stratégie de la peur » mise en place par le pouvoir. Le bloc d’opposition appelle déjà à de nouvelles élections.

Le camp présidentiel, lui, met en avant la stabilité du pays et souligne que le taux de participation est « comparable à ceux de 2015 et 2020 ». Plus de 44 000 membres des forces de sécurité étaient déployés pour encadrer le vote, après des semaines de tension et d’interdictions de manifester.

Dix morts autour du scrutin

Si la CEI juge le scrutin « globalement régulier », elle reconnaît des incidents isolés dans le sud et l’ouest du pays : heurts, destructions et violences intercommunautaires. Selon le Conseil national des droits de l’homme (CNDH), dix personnes ont été tuées depuis la mi-octobre, dont quatre le jour du vote.

À Abidjan, la capitale économique, la vie a repris son cours normal lundi après-midi. Le Conseil constitutionnel doit désormais proclamer les résultats définitifs début novembre.
Une nouvelle page politique s’ouvre pour la Côte d’Ivoire, avec un président plus que jamais solidement installé au pouvoir.