Le Kenya s’insurge contre une nouvelle forme d’exploitation de ses ressortissants. Dans un communiqué publié lundi 27 octobre, le ministère kényan des Affaires étrangères affirme que plusieurs citoyens du pays ont été "trompés" par des recruteurs sans scrupules pour rejoindre les rangs de l’armée russe dans la guerre en Ukraine.
Ces Kényans, qualifiés d’"innocents", se seraient retrouvés "sur les champs de bataille" face aux troupes ukrainiennes, parfois sans comprendre la nature de leur engagement. Nairobi ne précise ni le nombre de personnes concernées, ni d’éventuelles victimes, mais dénonce une "exploitation inacceptable".
Des recruteurs aux méthodes "cruelles"
Le communiqué accuse des agents prétendant travailler pour le gouvernement russe d’avoir abusé de la vulnérabilité économique de jeunes Kényans.
"Ces agents utilisent de fausses informations et des promesses mensongères pour attirer nos citoyens en Russie", affirme la diplomatie kényane.
La jeunesse kényane, confrontée à un chômage massif et à des salaires très bas, cherche souvent des opportunités à l’étranger, notamment dans les pays du Golfe. Un exil économique qui vire parfois au drame : Amnesty International dénonçait déjà en mai des conditions de travail "abusives" pour les travailleuses domestiques kényanes en Arabie saoudite, proches de la traite humaine.
Nairobi en contact avec Moscou
Face à cette situation, Nairobi affirme avoir engagé des discussions directes avec les autorités russes. L’objectif : obtenir la libération et le rapatriement de ses ressortissants piégés dans le conflit.
"Notre mission diplomatique en Russie a déjà secouru plusieurs Kényans détenus dans des bases militaires et facilité leur retour auprès de leurs familles", précise le ministère.
La Russie est régulièrement accusée de recruter, parfois à leur insu, des ressortissants de pays pauvres par le biais de contrats rédigés uniquement en russe. Des hommes sans repères, transformés en combattants malgré eux.
Une affaire révélatrice d’un trafic inquiétant
Le quotidien kényan The Nation a publié cette semaine le témoignage d’un ancien militaire kényan ayant reconnu s’être engagé volontairement comme mercenaire aux côtés de Moscou. Une réalité qui illustre la porosité entre désespoir économique et instrumentalisation géopolitique.
Pour Nairobi, l’affaire est un signal d’alarme : la guerre en Ukraine attire désormais jusque dans les bidonvilles de Nairobi, à des milliers de kilomètres du front, des jeunes séduits par la promesse illusoire d’un emploi et d’un avenir meilleur.
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