Après 18 mois de siège, el-Facher, dernière grande ville de la région du Darfour échappant encore aux Forces de soutien rapide (FSR), est tombée aux mains des paramilitaires. Cette défaite a été reconnue lundi par le chef de l’armée soudanaise, le général Abdel Fattah al-Burhane, qui a admis « le retrait de l’armée vers un lieu plus sûr », promettant de « se venger » et de « purifier cette terre » dans un discours télévisé.
La chute de la ville stratégique marque un tournant majeur dans la guerre civile qui ravage le Soudan depuis avril 2023. Les FSR contrôlent désormais la quasi-totalité du Darfour, où elles ont mis en place une administration parallèle défiant le pouvoir militaire basé à Port-Soudan.
L’ONU et l’Union africaine tirent la sonnette d’alarme
La communauté internationale multiplie les mises en garde face aux risques de violences massives contre les civils. Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, a dénoncé une situation « extrêmement précaire » et fait état d’« exécutions sommaires » commises par des combattants des FSR, selon plusieurs rapports reçus par son bureau. Une vidéo authentifiée par l’AFP montre un paramilitaire abattant à bout portant des civils désarmés.
Mardi, l’Union africaine a à son tour condamné « avec la plus grande fermeté » les « atrocités » commises à el-Facher. Le président de la Commission de l’UA, Mahamoud Ali Youssouf, a dénoncé « des crimes de guerre présumés » et « des meurtres de civils ciblés en raison de leur appartenance ethnique », appelant à la protection immédiate des populations menacées.
Soudan : l'ONU s'inquiète du sort des civils à El Fasher@UNOCHA pic.twitter.com/FaJrjGPQYN
— ONU Info (@ONUinfo) October 28, 2025
Ville assiégée, civils piégés, aide humanitaire bloquée
Sur place, les témoignages des militants pro-démocratie évoquent un massacre en cours. Des vidéos montrent des rues jonchées de corps près de véhicules incendiés. Le Syndicat des journalistes soudanais dénonce un « black-out médiatique » après la coupure du réseau satellite Starlink, seul moyen de communication encore opérant, mais désormais contrôlé par les FSR.
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La situation humanitaire est catastrophique. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 26 000 personnes ont fui el-Facher depuis dimanche. Au total, plus d’un million de personnes ont déjà été déplacées depuis le début de la guerre au Darfour. Médecins sans frontières fait état d’un « afflux massif de blessés » dans ses structures d’accueil d’urgence à Tawila, à 70 km de la ville. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a dénoncé l’attaque du dernier hôpital encore en service, où plusieurs membres du personnel soignant ont été tués ou blessés.
Malgré les accusations, les FSR affirment avoir envoyé des équipes « pour protéger les civils », « sécuriser les rues » et « enlever les mines ». Des déclarations rejetées par plusieurs organisations soudanaises, dont le collectif des Avocats de l’urgence, qui accuse les paramilitaires de « crimes de guerre systématiques ».
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