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Soudan : pour la Cour pénale internationale, les violences pourraient constituer des crimes de guerre

Actus. Le bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a averti lundi 3 novembre que les violences commises dans la ville soudanaise d’El-Facher pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.

Soudan : pour la Cour pénale internationale, les violences pourraient constituer des crimes de guerre
Ici, El-Facher pendant une tempête en 2018. Les violences commises dans la ville ces dernières semaines pourraient constituer des crimes de guerre selon la CPI. - Flickr

Face aux informations en provenance d’El-Facher, faisant état de massacres, de viols et d’autres crimes qui auraient été commis, le bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a exprimé lundi 3 novembre sa "profonde inquiétude et sa très vive préoccupation".

Après 18 mois de siège, les Forces de soutien rapide (FSR) ont pris mercredi 26 octobre El-Facher, dernier verrou stratégique qui échappait à leur contrôle au Darfour, vaste région de l’ouest du Soudan.

Depuis, les informations et les témoignages se multiplient sur les exécutions, les pillages, les viols et les attaques contre des humanitaires dans et autour de cette ville du nord du Darfour.

La France demande un cessez-le-feu

"Ces atrocités s’inscrivent dans un contexte de violence plus large qui ravage toute la région du Darfour depuis avril 2023", a déclaré dans un communiqué le bureau du procureur de la CPI, qui siège à La Haye.

"De tels actes, s’ils sont avérés, pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité au sens du Statut de Rome", texte fondateur de la cour, a-t-il ajouté.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane, qui contrôle le nord et l’est du pays, dont les villes de Port-Soudan et Khartoum, et les FSR de Mohamed Dagalo, désormais maîtres du Darfour (ouest).

Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, a appelé ce lundi les belligérants à cesser le feu au Soudan, où des dizaines de milliers de civils fuient le conflit dans l’État du Kordofan-Nord.

Des négociations au point-mort 

"Depuis quelques jours, la situation s’aggrave au Soudan avec la chute de la ville d’El-Facher au Darfour et avec la crainte, alimentée par un certain nombre de faits qui semblent établis, d’exactions majeures touchant des dizaines de milliers d’innocents", a déclaré le chef de la diplomatie française au cours d’un déplacement dans le Loiret, à Boigny-sur-Bionne.

"Il faut maintenant que les deux belligérants cessent le feu, qu’ils se conforment au droit international humanitaire pour mettre fin définitivement à cette tragédie", a-t-il insisté.

Les pourparlers en vue d’une trêve, menés depuis plusieurs mois par un groupe réunissant les États-Unis, l’Égypte, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, ont jusqu’à présent toujours échoué et sont actuellement dans l’impasse, selon un responsable proche des négociations.

Cette guerre fait craindre une nouvelle partition du pays, déjà amputé en 2011 par l’indépendance du Soudan du Sud, ainsi que des violences à caractère ethnique comme dans le conflit au Darfour du début des années 2000.

Le génocide au Soudan 

Les FSR sont issues des milices Janjawid, accusées par la CPI de génocide il y a 20 ans au Darfour.

Début octobre, la CPI a reconnu Ali Muhammad Ali Abd-Al-Rahman, ancien membre des Janjawid, coupable de crimes contre l’humanité après avoir participé à de "multiples crimes de guerre" entre 2003 et 2004.

Ce verdict devrait servir d’avertissement : "il y aura des comptes à rendre pour de tels crimes atroces", a affirmé le bureau du procureur lundi.

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