Deux régions du Soudan, ravagées par la guerre, sont en proie à la famine, un fléau qui pourrait bientôt s’étendre à d’autres parties de ce grand pays d’Afrique du Nord-Est, a alerté lundi 3 novembre un organisme international de surveillance de la faim. Depuis plus de deux ans, des groupes paramilitaires s’affrontent à l’armée pour le contrôle du pouvoir.
D’après un récent rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), la famine frappe actuellement El-Facher, une ville clé du Darfour occidental, ainsi que Kadugli, dans l’État du Kordofan du Sud. Vingt autres zones du Darfour et du Kordofan, au centre du Soudan, sont menacées par ce phénomène, alors que les combats se sont intensifiés ces derniers mois. L’IPC, principale référence mondiale pour l’évaluation des crises alimentaires, tire la sonnette d’alarme.
Près de la moitié de la population est en situation d'insécurité alimentaire aiguë
Selon leur dernier rapport, El-Fasher et Kadugli ont subi "un effondrement total de leurs moyens de subsistance, la famine, des niveaux extrêmement élevés de malnutrition et de mortalité". "Leurs habitants ont enduré des mois sans accès fiable à la nourriture ni aux soins médicaux", ont indiqué dans un communiqué commun l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’UNICEF.
Nouvelle analyse : dans certaines régions du #Soudan où les violences diminuent et où l’accès humanitaire a repris, la sécurité alimentaire s’améliore.
— ONU Info (@ONUinfo) November 4, 2025
Mais dans les zones coupées du monde ou assiégées – notamment #ElFasher et Kadugli – la famine est désormais confirmée. https://t.co/PXKc3lQDbg
Plus de 21 millions de personnes, soit 45 % de la population soudanaise, font face à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë. Dans les régions du Darfour et du Kordofan, où les combats se poursuivent, "la faim devrait repartir à la hausse à partir de février, lorsque les stocks alimentaires seront épuisés" pointe l'IPC.
Le Soudan est en proie à une guerre dévastatrice depuis avril 2023. En mars dernier, les Nations unies ont qualifié ce conflit de pire crise humanitaire mondiale : le bilan officiel dépasse les 40 000 morts, mais les organisations humanitaires estiment que le nombre réel de victimes est bien plus élevé. Les combats ont contraint plus de 14 millions de personnes à quitter leur foyer et ont aggravé la propagation de maladies.
Recrudescence de maladies
Un chiffre, cependant, traduit une légère amélioration : "Près de 3,4 millions de personnes sont sorties des niveaux de crise", révèle l’analyse de l’IPC. Celle-ci concerne les villes de Khartoum, Al Jazirah et Sennar, où la violence a commencé à reculer et où certaines familles font le choix de revenir.
Les taux de malnutrition aiguë atteignent quant à eux des niveaux alarmants, entre 38 % et 75 % à El-Fasher et près de 30 % à Kadugli. Des chiffres qui s’ajoutent à la recrudescence du choléra, du paludisme et de la rougeole dans les régions où les systèmes de santé, d’eau et d’assainissement se sont effondrés.
La famine est déclarée lorsque, dans une zone donnée, on recense au moins deux décès par malnutrition pour 10 000 habitants, ou quatre parmi les enfants de moins de cinq ans ; qu’au moins un cinquième des ménages souffre d’une pénurie alimentaire extrême ; et que 30 % des enfants de moins de cinq ans présentent une malnutrition aiguë (selon le rapport poids/taille), ou 15 % (selon le périmètre brachial). L’IPC n’a confirmé la famine qu’à quelques reprises ces dernières années : la plus récente concernait le nord de Gaza, début 2025, lors de l’offensive israélienne contre le Hamas. Auparavant, il avait également attesté de famines en Somalie en 2011, et au Soudan du Sud en 2017 et 2020.
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