En ce moment

Maroc-Algérie. Sahara occidental : de la "Marche verte" de 1975 à la reconnaissance par l'ONU, retour sur 50 ans de tensions

Actus. Il y a cinquante ans, près de 350 000 Marocains se dirigeaient vers le Sahara occidental, alors colonie espagnole. Un demi-siècle plus tard, le Conseil de sécurité des Nations unies reconnaît le plan d’autonomie marocain pour ce territoire.

Maroc-Algérie. Sahara occidental : de la "Marche verte" de 1975 à la reconnaissance par l'ONU, retour sur 50 ans de tensions
Ici, un stand de souvenirs de Marrakech en 2022. - Wikimedia Commons

Armés de leur Coran, de drapeaux et de portraits du roi, des centaines de milliers de marocains ont franchi la frontière du Sahara occidental le 6 novembre 1975. La "Marche verte" répondait à la volonté du Maroc d’établir une souveraineté effective sur ce territoire grâce à l'occupation puis la colonisation de peuplement.Cette manœuvre consistait à déployer et installer progressivement près de 350 000 personnes dans l’ancienne colonie espagnole, seul territoire africain dont le statut colonial restait en suspens.

L’objectif était clair : revendiquer une appartenance historique du Sahara au royaume marocain, antérieure à l’occupation espagnole (fin du XIXe siècle). L’ONU considérait alors ce territoire comme "non autonome", en l’absence d’un règlement définitif.

Un statut colonial en suspens

Un accord avec le régime franquiste met fin à la colonisation espagnole : l’Espagne cède au Maroc le nord et le centre du territoire, tandis que le sud revient à la Mauritanie. Une décision qui a un poids très limité au regard du droit international. En 1976, les indépendantistes sahraouis proclament la République arabe sahraouie démocratique (RASD), soutenus par l’Algérie et la Libye. Trois ans plus tard, Rabat prend le contrôle de la quasi-totalité du territoire après le retrait de la Mauritanie, tandis que le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, réclame un référendum d’autodétermination.

Un cessez-le-feu entre en vigueur en 1991, après seize ans de conflit, avec l’établissement d’une zone tampon contrôlée par les Casques bleus de la Minurso (mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental). Cependant, l’organisation d’un référendum, prévu par la mission onusienne, est sans cesse repoussée en raison de désaccords sur la composition du corps électoral et le statut du territoire entre le Maroc et le Polisario, ce dernier s’appuyant sur le principe onusien d’autodétermination.

En novembre 2020, le cessez-le-feu est rompu après le déploiement de troupes marocaines à l’extrême sud du territoire pour déloger des indépendantistes bloquant la seule route vers la Mauritanie, jugée illégale par ces derniers.

Un progressif changement de position 

Riche en phosphates et en ressources halieutiques, le Sahara occidental est un territoire quasi désertique de 266 000 km², situé sur la côte atlantique et bordé par le Maroc, la Mauritanie et l’Algérie. Avec plus de 600 000 habitants, cette zone est coupée du nord au sud depuis les années 1980 par un "mur de défense", érigé par les autorités marocaines sur 2 700 kilomètres. Selon le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), environ 175 000 réfugiés sahraouis vivent dans des camps près de la ville algérienne de Tindouf, à proximité de la frontière marocaine.

Le statut du Sahara occidental reste le principal contentieux entre le Maroc et l’Algérie, les deux grandes puissances du Maghreb. En 2021, l’Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec Rabat, en grande partie à cause de ce dossier, une décision qualifiée de "complètement injustifiée" par le Maroc.

Proposé par le Maroc à l’ONU en 2007, le plan d’autonomie pour le Sahara occidental a reçu ces dernières années le soutien de l’Allemagne, de l’Espagne et du Royaume-Uni. À l’été 2024, la France a renforcé son appui à ce projet en reconnaissant "la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental". Cette dynamique a été impulsée par la reconnaissance, fin 2020, de la souveraineté marocaine sur ce territoire par les États-Unis, en échange de la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël.

"nouvelle énergie et d’une nouvelle détermination internationales"

Vendredi 31 octobre 2025, le Conseil de sécurité des Nations unies s’aligne sur cette position. Jusqu’alors, il appelait le Maroc, le Polisario, l’Algérie et la Mauritanie à reprendre des négociations – interrompues depuis 2019 – pour parvenir à une "solution politique réalisable, durable et mutuellement acceptable". Le texte estime qu’une "véritable autonomie sous souveraineté marocaine pourrait représenter la solution la plus réalisable" et invite l’ONU à mener des négociations sur cette base.

Cette résolution est "importante parce qu’elle témoigne d’une nouvelle énergie et d’une nouvelle détermination internationales pour résoudre ce conflit vieux de cinquante ans", a souligné Staffan de Mistura, émissaire de l’ONU pour le Sahara occidental, lors d’une conférence de presse le 5 novembre 2025. "Nous attendons désormais du Maroc le contenu d’un plan d’autonomie développé et actualisé", a-t-il ajouté, précisant qu’il demanderait à toutes les parties de "soumettre des propositions et des suggestions pour permettre à l’ONU de développer un programme de discussions directes, ou indirectes si nécessaire".

Newsletter

Restez informé ! Recevez des alertes pour être au courant de toutes les dernières actualités.
Réagir à cet article

L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.

En direct
Les rendez-vous santé
Nos applications
Facebook
Twitter
Instagram
Maroc-Algérie. Sahara occidental : de la "Marche verte" de 1975 à la reconnaissance par l'ONU, retour sur 50 ans de tensions