Une plainte pour “complicité de crimes de guerre” déposée à Paris
TotalEnergies est visé par une plainte déposée à Paris pour complicité de crimes de guerre, torture et disparitions forcées au Mozambique. L'ONG allemande European Center for Constitutional and Human Rights (ECCHR) accuse le groupe d’avoir fourni un soutien matériel et financier à la Joint Task Force (JTF), une unité de forces armées mozambicaines soupçonnée d’avoir commis de graves exactions en 2021 à l’entrée du site gazier Mozambique LNG. La plainte, également dirigée « contre X », a été transmise lundi 17 novembre au parquet national antiterroriste (Pnat), compétent pour les crimes de guerre.
Selon l’ECCHR, TotalEnergies ne pouvait ignorer les agissements de la JTF, d’autant que des documents internes transmis à des financeurs publics mentionnaient déjà des risques sérieux d’atteintes aux droits humains.
Accusations d’exactions et documents internes compromettants
Les faits allégués s’inscrivent dans un contexte marqué par les attaques jihadistes qui ont frappé la province du Cabo Delgado depuis 2017. Après une attaque meurtrière contre Palma en 2021, TotalEnergies avait invoqué la « force majeure » et suspendu son mégaprojet gazier de 20 milliards de dollars.
Durant cette période, la JTF, chargée de sécuriser le site, aurait intercepté des civils et enfermé entre 180 et 250 hommes dans des conteneurs, où ils auraient été battus, affamés et torturés. Selon une enquête relayée par Politico, seuls 26 d’entre eux auraient survécu.
Par la suite, Le Monde et SourceMaterial ont affirmé que TotalEnergies avait été alerté dès avril 2021 des violences imputées à la JTF, s’appuyant sur des rapports internes transmis notamment à l’agence italienne SACE.
L'ECCHR évoque désormais de nouveaux éléments émanant d’autorités néerlandaises, montrant que des risques d’abus étaient identifiés dès mai 2020 dans des échanges entre la filiale locale, Atradius DSB (crédit export), et un prestataire de sécurité.
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Un projet en cours de relance, sous pression judiciaire
Alors que le groupe français a annoncé le 25 octobre être prêt à relancer Mozambique LNG pour une mise en service prévue en 2029, la nouvelle plainte ajoute un volet judiciaire sensible à un projet déjà controversé. Le redémarrage du chantier dépend d’un accord avec le gouvernement mozambicain sur la compensation du surcoût lié au retard, estimé à 4,5 milliards de dollars.
Par ailleurs, TotalEnergies est déjà visé depuis mars par une enquête de juges d’instruction de Nanterre pour homicide involontaire et non-assistance à personne en danger, à la suite de plaintes de survivants et proches de victimes de l’attaque jihadiste de 2021
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