Centrafrique: la capture d'un commandant constitue un atout dans la traque de la LRA

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KAMPALA (AFP) - (AFP)

La capture d'un des plus hauts gradés de la sinistre rébellion de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) porte un coup important à ce groupe réputé pour sa cruauté et pourrait constituer un atout crucial dans la traque de son chef Joseph Kony, estiment les analystes.

Caesar Acellam est le plus haut hiérarque de la LRA - dont il est considéré comme le n°4 - tombé aux mains de l'armée ougandaise, qui l'a qualifié de "gros poisson".

Selon les analystes, Acellam pourrait livrer - en échange de garanties sur son avenir et une possible amnistie - des informations de haute valeur, notamment la possible cache de Kony et sa stratégie pour échapper aux armées régionales qui le pourchassent.

"C'est un atout majeur à avoir dans sa manche", a estimé Angelo Izama, analyste politique au centre de recherche Fanaka Kwawote, basé à Kampala.

Pour ceux qui traquent la LRA, "c'est un peu comme marcher dans une maison dont les lumières étaient éteintes et sont désormais allumées.Avec Acellam, ils vont bien mieux voir où ils vont", a-t-il ajouté.

L'Union africaine (UA) met actuellement sur pied une force régionale, qui regroupera 5.000 soldats ougandais, congolais (RDC), centrafricains, et sud-soudanais qui pistent déjà la LRA sur leurs territoires respectifs, et coordonnera leurs actions.

Une centaine de membres des forces spéciales américaines les épaulent depuis la fin 2011, surtout en matière de renseignement et de soutien logistique.

Aucune information n'a pu être obtenue sur le rôle qu'elles ont joué dans la capture d'Acellam, mais le groupe du chef rebelle avait été repéré en République démocratique du Congo (RDC), où l'armée ougandaise, qui l'a fait prisonnier, n'a pas l'autorisation d'intervenir.

Cette capture "est une chance énorme et je pense que ça pourrait être le coup décisif", estime de son côté Sunday Okello, de l'Institut d'Etudes de Sécurité (ISS), basé à Addis Abeba, car "on ne savait pas grand chose sur la structure de la LRA, leur mode opératoire, ce qu'ils font réellement".

Acellam, arabophone, est en outre soupçonné d'être l'agent de liaison entre la LRA et le gouvernement soudanais, suspecté de l'avoir soutenu dans les années 2000 et de continuer à le faire.C'est "une prise importante, particulièrement parce qu'il peut décrire la relation actuelle avec les Soudanais", estime Ledio Cakaj, chercheur indépendant, spécialiste de LRA.

Selon les analystes, Acellam, qui a rejoint la LRA en 1988 quand il était étudiant, est brouillé avec Joseph Kony depuis plusieurs années, alors que le mouvement était agité par un conflit interne sur des négociations de paix, et a été sur le point de faire défection à plusieurs reprises.

Lui-même assure qu'il a été capturé alors qu'il avait quitté son groupe d'une trentaine de personnes, et qu'il avait pour projet de se rendre."Ma réédition va inciter les gens encore dans le maquis à en sortir et va permettre de mettre fin à la guerre bientôt", a-t-il assuré aux journalistes qui l'ont rencontré dimanche sur une base de l'armée ougandaise en Centrafrique, sur le territoire de laquelle il a été arrêté.

Tim Allen, professeur à la London School of Economics et auteur d'un livre sur la LRA, confirme que cette capture pourrait encourager une partie des rebelles à se rendre, "s'il est publiquement annoncé qu'il (Acellam) bénéficie d'une amnistie" et "s'ils sont sûrs qu'ils ne seront pas tués par l'armée ougandaise".

Une éventualité peu probable pour le trio de tête de la LRA - Joseph Kony, Okot Odhiambo et Dominique Ongwen -, recherché par la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité.

Kony a pris la tête de la LRA à la fin des années 80. Celle-ci opérait alors dans le nord de l'Ouganda, où elle a multiplié les exactions - enlèvements d'enfants transformés en soldats et en esclaves et mutilations de civils - avant d'en être chassée en 2006 par l'armée ougandaise et de s'éparpiller dans des denses forêts équatoriales des pays alentours.

La capture d'Acellam est un signe que les efforts accrus entrepris récemment pour anéantir la LRA commencent à payer, estime Angelo Izama: "La pression sur la LRA est importante et cette pression a contribué à ce qui vient de se passer".

Mais cette pression accrue sur le groupe pourrait aussi déclencher une riposte ultime d'un groupe sanguinaire."Une des principales menaces que peut encore représenter la LRA, c'est qu'ils se rendent compte qu'ils sont acculés et qu'ils réagissent en tuant et violant", a estimé Sunday Okello.

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