Nigeria: une première année difficile pour le président Jonathan

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LAGOS (AFP) - (AFP)

Le président nigérian Goodluck Jonathan, investi il y a exactement un an mardi, fait face à des défis énormes en matière de sécurité, d'économie et de corruption après une année ensanglantée par des islamistes.

Les attentats du groupe Boko Haram, basé dans le nord, ont fait des centaines de morts et leur menace a en partie éclipsé des dossiers pressants dans le pays le plus peuplé et premier producteur de pétrole d'Afrique.

Agé de 54 ans, M. Jonathan dirige en réalité le Nigeria depuis plus de deux ans.Alors vice-président, il avait pris en 2010 les rênes du pouvoir après le décès en cours de mandat du dirigeant Umaru Yar'Adua, puis avait été élu en avril 2011.

Un an plus tard, beaucoup s'interrogent sur sa capacité et sa volonté réelle de faire face aux défis, même si peu doutent de ses bonnes intentions.

"Il y a une absence totale de volonté politique pour faire face aux problèmes que connaît le pays", juge Femi Falana, avocat et activiste influent.

"Quelle que soit la manière dont vous regardez les choses, il n'y a rien à célébrer" pour ce premier anniversaire dit-il, affirmant que la corruption a atteint "un niveau sans précédent".

Ce fléau dévore les ressources du pays richissime en hydrocarbures et la majorité des Nigérians vit avec moins de deux dollars par jour.

Pour l'économiste Opeyemi Agbaje, l'année écoulée a révélé "les limites" du président mais force est d'admettre "que tout n'a pas été de sa faute".

La violence qui a secoué en particulier le nord trouve ses racines dans des facteurs multiples comme la religion, les rivalités politiques et les inégalités socio-économiques.Le nord, majoritairement musulman, est moins développé que le sud à dominante chrétienne et beaucoup, dans le nord, s'étaient opposés à la candidature de M. Jonathan, chrétien du sud.

La réponse du dirigeant face à la radicalisation des islamistes qui ont multiplié les attentats meurtriers contre des églises, des commissariats de police ou encore un quotidien influent, a été insatisfaisante pour beaucoup.

Le chef de l'Etat a au départ semblé "impuissant", "faible", selon M. Agbaje."Mais il a compris ce qu'il fallait faire (...), la réponse est maintenant plus forte", estime-t-il, soulignant des progrès faits par les services de renseignement qui ont notamment arrêté des extrémistes.

Pas assez charismatique pour ses détracteurs, Jonathan est un homme calme et persévérant, selon ses partisans.

Dimanche, le dirigeant a assuré: "Nous travaillons très dur (...) Les attaques terroristes sont arrivées comme un voleur dans la nuit.Nous avons été pris par surprise.Mais maintenant (...) nous allons surmonter cela".

L'année a aussi été marquée par une crise sociale, en janvier, suite à la suppression de la subvention des prix du carburant.

Les prix à la pompe ont plus que doublé du jour au lendemain et par dizaines de milliers, les Nigérians sont descendus dans la rue.

Après une semaine de grève générale, Jonathan a dû accepter le compromis en maintenant les subventions mais à un niveau moins élevé.

La réforme est un mal nécessaire qui doit permettre des économies colossales, selon de nombreux observateurs.Mais la colère des Nigérians était largement justifiée, estiment-ils.

"Clairement, pour que le gouvernement acquière la crédibilité qu'il lui faut pour supprimer les subventions, il faut qu'il y ait le sentiment qu'il a réglé la corruption dans ce secteur", estime M. Agbaje.

Une enquête parlementaire a récemment conclu que 6,8 milliards de dollars avaient été détournés dans le cadre du programme de subvention entre 2009 et 2011.

Si certains doutent du président Jonathan, beaucoup sont encore portés par l'enthousiame qu'avait suscité l'élection de ce fils de fabricant de canoës et jugent qu'il faut lui laisser du temps.

"Le Nigeria a tant de problèmes, vous ne pouvez pas les résoudre en 24 heures", dit Alagbi Oluache, un géologue de 35 ans.

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