Législatives à Bissau: le PAIGC bien parti pour constituer une majorité avec ses alliés

Infos. Le parti historique en Guinée-Bissau semblait bien placé mercredi pour former un gouvernement de coalition après l'annonce des résultats provisoires des élections législatives, un succès qui pourrait replonger le pays dans la confrontation entre cette formation et le président José Mario Vaz.

Législatives à Bissau: le PAIGC bien parti pour constituer une majorité avec ses alliés

Cette crise de plus de trois ans entre M. Vaz et la direction du PAIGC inquiète d'autant plus la communauté internationale que les élections de 2014 avaient marqué un retour progressif à l'ordre dans ce pays secoué par des tentatives de putsch à répétition, une instabilité propice à l'implantation de narcotrafiquants sous la protection de hauts gradés.

Jusqu'à la désignation en avril 2018, grâce à une médiation régionale, d'un Premier ministre de consensus chargé d'organiser ces élections, Aristide Gomes, le Parlement a été bloqué pendant deux ans, empêchant le vote du budget et retardant encore le paiement des fonctionnaires, source perpétuelle de grèves dans ce pays d'Afrique de l'Ouest financièrement précaire.

La saisie pendant le week-end de quelque 800 kg de cocaïne dans un camion immatriculé au Sénégal en partance pour le Mali, la plus importante depuis au moins 12 ans, selon des sources policières, est d'ailleurs venue rappeler l'importance du trafic de drogue dans l'économie parallèle dans cette ex-colonie portugaise.

Avec 46,1 % des voix et 47 sièges sur 102, le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), dirigé par l'ex-Premier ministre Domingos Simoes Pereira, dont le limogeage par M. Vaz en août 2015 avait déclenché la crise, manque de peu la majorité absolue, selon les résultats provisoires annoncés mercredi.

Mais il a conclu mardi des accords avec de plus petites formations totalisant sept sièges, d'après ces résultats proclamés par la Commission nationale des élections (CNE), qui devront encore être validés par la Cour suprême.

Parmi ces partis, le rôle de faiseur de rois semble dévolu à l'APU-PDGB (Alliance populaire unifiée - Parti démocratique de Guinée-Bissau) de Nuno Gomes Nabiam, battu au second tour de l'élection présidentielle de 2014 par M. Vaz, dont les cinq sièges peuvent faire basculer la majorité absolue dans un sens ou dans l'autre.

- Casseroles et klaxons -

Le Madem-G15, formé par 15 députés frondeurs du PAIGC, qu'ils ont amputé de sa majorité dans l'Assemblée sortante, et le Parti pour la rénovation sociale (PRS), réputé proche d'une partie de la hiérarchie militaire, obtiennent respectivement 27 et 21 sièges.

Ces deux formations, qui ont également conclu un accord politique à la veille des résultats, devraient constituer un important bloc d'opposition à l'Assemblée nationale, fort de 48 députés, avec le soutien implicite du président Vaz, pourtant issu du PAIGC.

"Le vote s'est déroulé dans un climat pacifique.Il n'y a pas de contestation pour l'instant", a déclaré le président CNE, Pedro Sambù, lors de la lecture des résultats.

Quelques instants après, des centaines de partisans du PAIGC, essentiellement des jeunes, ont convergé vers le siège de cette formation, en face de la présidence."PAIGC!" ont-ils scandé, au son de casseroles, flûtes, tam-tams et des klaxons de voitures.

Ce succès du PAIGC, s'il se confirme, pourrait conduire à une nouvelle confrontation avec M. Vaz, alors qu'une élection présidentielle est prévue d'ici à la fin du premier semestre, dans ce régime hybride faisant exception en Afrique de l'Ouest, où le présidentialisme est la norme.

"Rien ne dit que ces élections permettront de résoudre les problèmes qui minent le pays", avait prévenu en décembre le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, rappelant que la future révision de la Constitution appuyée par la communauté internationale vise à clarifier les rôles respectifs des deux têtes de l'exécutif.

Une force de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), l'Ecomib, est déployée depuis 2012 en Guinée-Bissau pour y sécuriser la transition politique après le dernier putsch, qui avait interrompu la présidentielle cette année-là.

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