M. Sissi, arrivé au pouvoir après le renversement par l'armée de l'islamiste Mohamed Morsi en 2013, a été réélu avec plus de 97% l'an dernier.Mais, à ce jour, la Constitution limite le nombre de mandats à deux, de quatre ans chacun.
Plusieurs amendements à la Constitution de 2014 ont été proposés en février par un bloc parlementaire soutenant activement le chef de l'Etat.
Parmi les changements, le nouvel article 140 permettrait d'étendre le deuxième mandat actuel de M. Sissi de quatre à six ans, portant ainsi son terme à 2024 au lieu de 2022.
Le chef de l'Etat pourrait par ailleurs se présenter en 2024 à un troisième mandat de six ans.
M. Sissi a été élu pour la première fois en 2014, un an après avoir mené le renversement par l'armée, à la faveur d'un mouvement populaire, de Mohamed Morsi, dont il était le ministre de la Défense.
- "Stabilité politique et économique" -
Sa réélection en 2018 avec plus de 97% a eu lieu dans le cadre d'un scrutin marqué par la présence d'un seul rival, relégué au rang de faire-valoir, et par une série d'arrestations d'opposants.
Chantre de la stabilité et de la lutte antiterroriste auprès des chancelleries occidentales, Abdel Fattah Sissi, 64 ans, est accusé par les ONG de graves violations des droits humains: torture, disparitions forcées, record d'exécutions capitales, emprisonnement d'opposants, musellement de la presse...
Mais les partisans du chef de l'Etat au Parlement maintiennent que la révision constitutionnelle s'avère indispensable à la stabilité politique et économique du pays.
"La Constitution de 2014 a été rédigée dans des circonstances difficiles, exceptionnelles", a expliqué à l'AFP Mohamed Abou Hamed, un député ardent promoteur de la réforme.
Selon lui, M. Sissi "a pris d'importantes mesures politiques, économiques et sécuritaires (et) doit poursuivre ses réformes".
Comptant moins d'une vingtaine de députés, la petite alliance d'opposition parlementaire, le bloc "25-30", a appelé les Egyptiens a rejeté cette révision.
Celle-ci doit être soumise à un référendum populaire si les amendements sont adoptés à la majorité des deux tiers du parlement, composé de 596 députés.
Les banderoles appelant le peuple à participer et voter en faveur de cette réforme ont envahi les rues du Caire ces dernières semaines mais aucune date n'a été officialisée pour la tenue de la consultation populaire.
- A contre-courant -
Ce vote au Parlement égyptien intervient à contre-courant du climat régional en ce début d'année.
Au Soudan voisin, Omar el-Béchir, au pouvoir depuis trois décennies, a été renversé le 11 avril au terme d'une contestation populaire.En Algérie, le refus du 5e mandat d'Abdelaziz Bouteflika a provoqué des manifestations de rue inédites et la démission du président le 2 avril.
"Après la chute de Bouteflika en Algérie et d'el-Béchir au Soudan (...) n'avons-nous pas appris la leçon?", a ironisé sur Twitter Haitham El-Hariri, jeune député membre de l'opposition.
Mais cette opposition à la révision constitutionnelle reste presque exclusivement cantonnée aux réseaux sociaux.L'écrasante majorité des médias de masse, en particulier la télévision, relaye le discours des soutiens du président Sissi, diabolisant les voix critiques, qui vivent généralement en exil.
Selon Human Rights Watch (HRW), le "projet de réforme constitutionnelle (...) accorde à l'armée des pouvoirs particulièrement abusifs et institutionnalise davantage l'autoritarisme".
Dans un communiqué publié la semaine dernière, l'ONG avait appelé le Congrès américain à ne pas donner son "feu vert à la répression" en Egypte, alors que M. Sissi était en visite à Washington, où il a rencontré son allié américain Donald Trump.
Amnesty International a aussi appelé les alliés du Caire, en particulier les Etats-Unis, à ne pas "rester silencieux" face au projet de réforme.
"S'ils étaient adoptés, ces amendements constitutionnels aggraveraient la crise dévastatrice des droits humains" en Egypte, a déclaré l'ONG la semaine dernière.
La révision constitutionnelle doit également accroître le contrôle du pouvoir judiciaire par l'exécutif et institutionnaliser le rôle politique de l'armée, pilier du régime.
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