C'est que le match de samedi a une saveur particulière pour les Kényans, véritables fanatiques du ballon rond mais très peu représentés au plus haut niveau, grâce à la présence de leur compatriote Victor Wanyama et de l'attaquant belge aux racines kényanes Divock Origi.
"C'est la première fois que deux joueurs d'origine kényane vont participer à une finale de Ligue des champions", se réjouit Kenneth Amolo, 28 ans, maillot jaune de son club sur les épaules.
Solide milieu de terrain de Tottenham, le premier est "le capitaine de notre équipe nationale et notre meilleur joueur", relève Lawrence Omondi, 27 ans, au bord du terrain synthétique de Ligi Ndogo.
Le second a été un des héros de Liverpool lors de la demi-finale retour contre le FC Barcelone.Et qu'importe aux Kényans s'il joue pour la Belgique, son pays de naissance, ils tombent en pâmoison dès que l'attaquant, issu d'une famille d'anciens internationaux kényans, évoque le pays de ses ancêtres.
"Bien sûr, il est Belge avant tout, mais on l'adore ici, et pour nous, il est quand même un peu Kényan", sourit Lawrence Omondi.
- "Je ne sais pas qui soutenir" -
Selon Elias Makori, journaliste sportif kényan, "la présence de ces deux joueurs rend la finale plus intéressante au Kenya.Avant, les gens se disaient que la Ligue des champions était un tournoi pour des étrangers, alors que maintenant, elle se rapproche d'eux".
Témoin de l'importance de l'événement aux yeux des Kényans, ce tweet du vice-président William Ruto en personne qui félicite les deux joueurs à l'issue des demi-finales "pour le rôle majeur qu'ils ont joué" en Ligue des champions.
Le gouverneur de Nairobi Mike Sonko va plus loin: "C'est une affaire kényane en finale de Ligue des champions (...), mais je ne sais pas qui soutenir entre Victor Wanyama et Divock Origi".
Les Kényans ont même rebaptisé cette finale le "Mashemeji derby", référence au derby de Nairobi entre deux des meilleurs clubs de l'histoire du pays, Gor Mahia et AFC Leopards.Les joueurs et supporters du premier sont traditionnellement issus de la communauté luo, ceux du second de la communauté luhya.
"(Ce derby) est reproduit en finale avec Origi issu d'une famille luo, et Wanyama d'une famille luhya", explique le journaliste.
"Victor est très populaire au Kenya, c'est un gars relax", raconte M. Makori au sujet de ce fils d'un ancien international kényan ayant joué pour AFC Leopards."Il n'aime pas flamber (...), c'est un exemple à suivre".
Son début de saison a été émaillé de blessures, mais le milieu de terrain est bien revenu et était titulaire lors des demi-finales face à l'Ajax d'Amsterdam.
- "Il garde un lien avec le Kenya" -
S'il foule samedi la pelouse de l'Estadio Metropolitano, l'antre de l'Atlético Madrid, il pourrait être le premier Kényan à jouer une finale de Ligue des champions.Son grand frère McDonald Mariga avait remporté cette compétition avec l'Inter de Milan en 2010, mais était resté sur le banc lors de la finale.
"Une victoire des Spurs (de Tottenham) et de Victor Wanyama aurait un effet bénéfique sur l'équipe nationale", les Harambee Stars, qui s'apprête à participer à sa sixième Coupe d'Afrique des Nations en Egypte, ajoute par ailleurs Elias Makori.
Quant à Divock Origi, dont le père a joué pour l'équipe nationale kényane, "il est né et a grandi en Belgique, mais il garde un lien avec le Kenya.Il vient régulièrement ici et il parle bien le swahili", raconte son oncle, Austin Oduor, lui aussi un ancien international et ex-joueur de Gor Mahia.
En vacances au Kenya à l'été 2018, Divock Origi avait fait mouche auprès de ses fans en les gratifiant, lors d'une interview avec une télévision locale, de quelques pas d'une danse alors très en vogue à Nairobi.
Barré par les artilleurs Mohamed Salah, Sadio Mané et Roberto Firmino, Divock Origi doit se contenter d'un statut de remplaçant à Liverpool, mais il a répondu par plusieurs buts décisifs lorsque Jürgen Klopp a fait appel à lui.
Qui des deux joueurs les Kényans soutiendront-ils lors de la finale?
Au bord du terrain, Lawrence Omondi hésite brièvement avant que son visage s'illumine d'un large sourire: "On doit soutenir le capitaine de notre équipe nationale quand même!"
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