Au moins 70 migrants ont également été blessés dans l'attaque, selon un "bilan préliminaire" fourni à l'AFP par un porte-parole des services de secours, Osama Ali.
"Le bilan pourrait s'aggraver", a-t-il ajouté, précisant que 120 migrants étaient détenus dans le hangar quand il a été touché de plein fouet.
Selon un photographe de l'AFP arrivé tôt sur place mercredi, plusieurs corps gisaient au sol aux côtés de restes humains mêlés aux affaires et vêtements des migrants maculés de sang.
Les services de secours recherchaient d'éventuels survivants sous les décombres, tandis que des dizaines d'ambulances avaient été déployées, selon la même source.
Dans un communiqué, le Gouvernement d'union (GNA) basé à Tripoli et reconnu par l'ONU a dénoncé "un crime odieux".Il a attribué l'attaque au "criminel de guerre, Khalifa Haftar", l'homme fort de l'est libyen qui mène une offensive depuis début avril pour conquérir la capitale.
Le GNA a accusé les forces pro-Haftar d'avoir mené une attaque "préméditée" et "précise" contre le centre.
Cette frappe n'a pas été revendiquée mais des médias pro-Haftar ont fait état mardi soir d'une "série de raids aériens" à Tripoli et Tajoura.
La banlieue de Tajoura, qui compte plusieurs sites militaires appartenant aux groupes armés pro-GNA, est régulièrement la cible de raids aériens des forces pro-Haftar.
- "PAS un lieu sûr" -
Dans de premières réactions, l'ONU et des ONG ont fait part de leur "effroi".
Réagissant sur Twitter, le chef du Haut commissariat pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi, a porté "trois messages clés: les migrants et réfugiés ne doivent PAS être en détention, les civils ne doivent PAS être des cibles, la Libye n'est PAS un lieu sûr pour un renvoi" des migrants.
"Nous sommes horrifiés par ces morts", a déclaré à l'AFP le porte-parole du HCR, Charlie Yaxley.
Il a évoqué "l'extrême préoccupation" de l'organisation face aux "rumeurs" selon lesquelles le centre servait de "dépôt d'armes"."Personne ne devrait être renvoyé en Libye actuellement", a clamé M. Yaxley.
Médecins Sans Frontières (MSF) a réagi sur Twitter à "ces effroyables évènements" en réclamant "l'évacuation immédiate des réfugiés et migrants enfermés dans des centres de détentions à Tripoli".
Les agences de l'ONU et organisationshumanitaires rappellent régulièrement leur opposition à ce que les migrants arrêtés en mer soient ramenés en Libye, en proie au chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011 et où ils se retrouvent placés "en détention arbitraire" ou à la merci de milices.
- "Enquête indépendante" -
Leur situation dans ce pays est devenue encore plus critique depuis le début de l'offensive militaire le 4 avril du maréchal Haftar.
La mission d'appui de l'ONU en Libye (Manul) a maintes fois exprimé son inquiétude sur le sort d'environ 3.500 migrants et réfugiés "en danger dans des centres de détention situés près de zones d'affrontements".
Malgré une instabilité persistante, la Libye reste un important pays de transit pour les migrants fuyant les conflits et l'instabilité dans d'autres régions d'Afrique et du Moyen-Orient.
"Les réfugiés et les migrants secourus en mer, ne peuvent PAS être renvoyés en Libye, et ceux enfermés dans des centres de détention doivent être évacués d'urgence", a réagi sur Twitter, après la frappe, Lotte Leicht, directrice de Human Rights Watch (HRW) pour l'Union européenne.
Le président de la commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a "condamné fermement" la frappe et réclamé "une enquête indépendante pour s'assurer que les responsables du meurtre horrible de ces civils rendent des comptes".
L'Italie a évoqué sa "consternation" et sa "condamnation claire des bombardements aveugles de zones civiles".
"Nous devons garantir immédiatement des mesures sérieuses de protection (...) et, en particulier, transférer les migrants qui se trouvent dans les installations d'accueil dans des lieux à l'abri des combats", a avancé son chef de la diplomatie, Enzo Moavero.
Les forces du maréchal Haftar ont promis cette semaine d'intensifier les frappes aériennes contre les forces rivales du GNA, après avoir perdu Gharyan, ville au sud de Tripoli dont le maréchal avait fait son centre opérationnel dans son offensive contre la capitale, à plus de 1.000 km de son bastion de Benghazi (nord-est).
Les deux camps rivaux s'accusent mutuellement de recourir à des mercenaires et de profiter du soutien militaire, notamment aérien, de puissances étrangères.
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