Le directeur des poursuites publiques, Noordin Haji, avait un peu plus tôt demandé l'arrestation et l'inculpation de M. Rotich et 27 hauts responsables administratifs, pour fraude, abus de pouvoir, irrégularités financières et autres crimes économiques.
M. Rotich, ainsi que son plus proche collaborateur administratif et que le chef de l'agence gouvernementale de l'Environnement, se sont présentés d'eux-mêmes peu après à la police.
"Ils sont en détention et attendent d'être emmenés devant un tribunal", a déclaré à l'AFP le chef de la police kényane, George Kinoti."Nous cherchons les autres et ils iront tous au tribunal", a-t-il ajouté.
Selon M. Haji, ce projet prévoyant la construction de deux barrages destinés à améliorer l'approvisionnement en eau dans un pays souvent frappé par la sècheresse et à fournir de l'électricité, étaient "criblés d'irrégularités", dans la conception, l'obtention du marché et le processus de paiement.
"L'enquête a montré que les responsables gouvernementaux ont bafoué toutes les règles d'attribution des marchés et commis des abus de pouvoir pour s'assurer du succès de leur combine", a expliqué M. Haji.
Il a affirmé que l'attribution du contrat à la firme italienne CMC di Ravenna avait contourné toutes les procédures en place, sans tenir compte des difficultés de l'entreprise qui faisait l'objet d'une liquidation judiciaire et n'avait pas achevé trois autres barrages coûteux.
Le contrat prévoyait que le coût total du projet serait de 450 millions de dollars (401 millions d'euros), mais le ministère des Finances avait augmenté ce montant de 164 millions de dollars sans justification adéquate.
Quelque 180 millions de dollars avaient déjà versés, sans que la construction des deux barrages ait commencé.
Six millions de dollars avaient aussi été affectés à la relocalisation des riverains touchés par le projet.Mais aucune preuve n'a été trouvée que des terrains ont effectivement été achetés.
"Je suis convaincu que des crimes économiques ont été commis et j'ai donc approuvé leur arrestation et les poursuites à leur encontre", a déclaré M. Haji.
"Les personnes que nous inculpons aujourd'hui étaient chargé de protéger l'intérêt public et ont sciemment rompu cette confiance", a-t-il déploré.
M. Rotich avait par le passé nié avoir commis la moindre faute.
Le Kenya a été touché par plusieurs autres scandales de corruption ces dernières années, qui ont vu la disparition de plusieurs centaines de millions de dollars d'argent public.
En 2017, le pays était classé 143e sur 180 dans l'index sur la perception de la corruption établi par Transparency International.
En mars 2018, un rapport de l'auditeur général portant sur l'année financière 2015-2016 avait révélé que le gouvernement n'était pas en mesure d'expliquer où étaient passés quelque 400 millions de dollars d'argent public.
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