Des élections législatives doivent se tenir dimanche au Tchad, un test important pour l'opposition qui a boycotté la présidentielle de 2006 et pourra ainsi mesurer son poids face au parti du président Idriss Deby Itno, au pouvoir depuis plus de vingt ans.
Ces législatives à un tour (proportionnelle) se tiennent à un mois et demi de la présidentielle d'avril et avant des locales en juin.
"C'est comme si on faisait le premier match d'un championnat", déclare le porte-parole du Mouvement patriotique du Salut (MPS) du président Deby, Mahamat Hissène, ancien ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement.
Les dernières législatives remontent à 2002.
Les principaux partis d'opposition (notamment la Fédération action pour la République, Far, et la vingtaine de partis de la Coordination pour la défense de la coalition, CPDC) avaient boycotté l'élection présidentielle de mai 2006 qui avait vu la réélection du président Deby, au pouvoir depuis 1990.
Cette fois, l'opposition va au scrutin.Entre temps, elle a signé après six mois de négociations sous l'égide de l'Union européenne l'accord du "13 août 2007" qui officiellement met le pays sur la voie de la démocratie et d'élections justes et transparentes.
Selon des acteurs et observateurs politiques, l'accord a permis "de replacer l'opposition dans le jeu électoral en évitant tout boycott".
L'élection devrait aussi donner plus de poids à l'opposition politique dans un pays où la seule réelle contestation possible a longtemps été celle des armes.
Arrivé au pouvoir par un coup d'Etat, Idriss Deby a eu à écarter de nombreuses attaques de rebelles dont certaines sont arrivées jusqu'aux portes de son palais.
Depuis le réchauffement avec le Soudan, la guerre des "rezzous" (raids) semble terminée, d'autant qu'avec ses nouveaux pétro-dollars, le président Deby a pu équiper son armée.
"Le MPS (au pouvoir) a accédé à presque toutes les demandes de l'opposition", souligne Mahamat Hissène, soulignant les concessions faites à l'oppposition.
Figure politique tchadienne, Saleh Kebzabo, secrétaire général adjoint de la CPDC, concède que l'accord "a apporté les conditions de la transparence".En témoigne le récent renvoi du président de la Céni réputé proche de Deby et limogé par le comité de suivi de l'accord, malgré l'opposition du président tchadien, selon lui.
M. Kebzabo estime qu'il y a un "engouement" des Tchadiens pour ces élections.
Un avis partagé par un membre de la communauté internationale qui juge que la phase pré-électorale se fait dans des "conditions relativement bonnes" même s'il subsiste "des problèmes d'information et de sensibilisation".
En 2002, le MPS avait raflé 116 des 155 sièges de l'Assemblée qui en compte 188 aujourd'hui.
"On peut estimer qu'il y va y avoir une recomposition à l'Assemblée", estime cet observateur."Tout le monde a à y gagner": une plus grande présence de l'opposition "ne ferait que conforter (la) crédibilité" du président Deby, ajoute-t-il.
Toutefois, selon lui "l'opposition reste faible parce qu'il n'y a pas de stratégie nationale".Une faiblesse due en partie au morcellement.
Il existe en effet plus de 100 partis, dont de nombreux n'existent qu'à l'échelle régionale, explique un autre membre de la communauté internationale qui relève "une énorme disparité de moyens" entre opposition et MPS, le seul parti à avoir fait campagne "à l'échelle nationale".
Aucun sondage d'opinion ne permet de se faire une idée sur le résultat du scrutin auquel 4,8 millions d'inscrits sont invités à se prononcer, selon des chiffres transmis en décembre par les autorités tchadiennes, pour une population de 11,1 millions d'habitants.
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