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Ethiopie: annulation des manifestations de l'Eglise orthodoxe prévues dimanche

Des manifestations prévues dimanche en Ethiopie à l'appel de l'Eglise orthodoxe pour protester contre la création d'un synode dissident, décision qui a créé de vives tensions au sein de l'institution, ont été annulées, a déclaré samedi le secrétaire du patriarche.

AFRICA RADIO

11 février 2023 à 11h51 par AFP

L'Eglise Tewahedo, dirigée par le patriarche Abune Mathias depuis une décennie, a déclaré illégale la scission par des évêques rebelles le mois dernier dans la région Oromia, la plus peuplée du pays, et les a excommuniés. Après une rencontre avec le Premier ministre Abiy Ahmed vendredi, "nous avons accepté l'appel du gouvernement en tenant compte des conditions actuelles de paix et de sécurité", a déclaré lors d'une conférence de presse à Addis Abeba, la capitale éthiopienne, Abune Petros, secrétaire du patriarche, avant de poursuivre: "Le synode a décidé de reporter pour une durée indéterminée les manifestations" en Ethiopie et à l'étranger prévues dimanche. "Cependant, si le gouvernement ne met pas en oeuvre ses promesses et les décisions prises, notre lutte spirituelle continuera", a-t-il toutefois mis en garde. L'Eglise avait précédemment accusé le gouvernement d'Abiy Ahmed, lui-même issu de la communauté Oromo, d'interférer dans ses affaires et de faire des déclarations qui de fait reconnaissent le "groupe illégitime". Le Premier ministre a appelé la semaine dernière les responsables au dialogue et affirmé que les deux parties avaient "leur propre vérité". Les tensions sont vives au sein de l'Eglise orthodoxe et son unité est menacée. Vendredi, la Commission éthiopienne des droits humains (EHRC) avait affirmé que 8 personnes avaient été tuées le 4 février lors d'une attaque d'une église. L'Eglise est l'une des plus anciennes au monde et compte environ 40% des 115 millions d'Ethiopiens. Les prêtres dissidents accusent l'Eglise de discrimination et d'hégémonie linguistique et culturelle, en faisant valoir qu'elle ne s'adresse pas aux congrégations en Oromia dans leur langue maternelle, des plaintes balayées par le patriarcat. Jeudi soir, les accès à Facebook, Messenger, TikTok ou Telegram "ont été restreints (...) au milieu des manifestations antigouvernementales", avait souligné Netblocks, un site basé à Londres qui observe les blocages d'internet à travers le monde.