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Le coronavirus, révélateur des défaillances de la santé publique au Maghreb

La crise liée au nouveau coronavirus met en lumière les dysfonctionnements de la santé publique dans les pays du Maghreb, mais fait en même temps naître l'espoir d'un changement, le jour d'après.

Au Maroc, des vid&eacute;os tourn&eacute;es par des patients infect&eacute;s par le virus d&eacute;non&ccedil;ant les conditions de s&eacute;jour dans des h&ocirc;pitaux publics ont relanc&eacute; la pol&eacute;mique lancinante sur l'&eacute;tat du secteur de la sant&eacute;, parent pauvre du budget de l'Etat.
En Alg&eacute;rie voisine, "la crise sanitaire a mis &agrave; nu les d&eacute;faillances du syst&egrave;me de sant&eacute;", estime aussi le Pr Kamel Bouzid, chef de service et pr&eacute;sident de la Soci&eacute;t&eacute; alg&eacute;rienne d'oncologie m&eacute;dicale, cit&eacute; par le site TSA.&nbsp;&nbsp;
En Tunisie, pays en plein marasme, le secteur de la sant&eacute; avait d&eacute;j&agrave; &eacute;t&eacute; &eacute;branl&eacute; l'an dernier par une s&eacute;rie de d&eacute;c&egrave;s de nouveaux-n&eacute;s, avec &agrave; l'&eacute;poque des t&eacute;moignages accablants sur la salet&eacute;, la gestion d&eacute;ficiente du personnel ou le manque de mat&eacute;riel.
Face &agrave; la maladie du Covid-19, les trois pays ont tr&egrave;s vite adopt&eacute; des mesures de restriction pour limiter la propagation et assurent faire le maximum face &agrave; une situation in&eacute;dite.
A ce jour, l'Alg&eacute;rie reste le pays du Maghreb le plus touch&eacute;, avec 58 d&eacute;c&egrave;s et 847 cas d&eacute;clar&eacute;s, contre 39 d&eacute;c&egrave;s et 676 cas au Maroc, et 14 d&eacute;c&egrave;s pour 455 cas en Tunisie.
"Un effort consid&eacute;rable est fait pour la prise en charge des patients, les conditions d'h&eacute;bergement sont normales...Il faudrait aussi voir les t&eacute;moignages favorables", dit &agrave; l'AFP le ministre marocain de la Sant&eacute;, Khalid A&iuml;t Taleb.
Apr&egrave;s la diffusion des vid&eacute;os critiques, le roi Mohammed VI a ordonn&eacute; d'am&eacute;liorer la r&eacute;fection des h&ocirc;pitaux publics et d'y int&eacute;grer du personnel m&eacute;dical militaire, selon la presse.
"Avant m&ecirc;me l'apparition du Covid-19, nous avions une p&eacute;nurie de ressources humaines, c'est la principale probl&eacute;matique", reconna&icirc;t le ministre.
Dans le royaume, le nombre de tests de d&eacute;pistage --moins de 3.000 depuis d&eacute;but mars-- a aussi aliment&eacute; doutes et critiques.M. A&iuml;t Taleb a &eacute;t&eacute; invit&eacute; &agrave; s'expliquer au Parlement &agrave; la reprise des d&eacute;bats, mi-avril selon la presse.

- "Servir de le&ccedil;on" -

Pour l'heure, face &agrave; la propagation du Covid, des voix nombreuses s'&eacute;l&egrave;vent dans les trois pays pour d&eacute;noncer le manque cruel de moyens.
"Nous n'avons pas assez de kits de pr&eacute;l&egrave;vement et de solutions hydroalcooliques", dit &agrave; l'AFP un r&eacute;animateur en poste dans un h&ocirc;pital provincial du Maroc."Les conditions de travail sont difficiles", pointe un urgentiste de Casablanca.
Le Maroc compte seulement 1.642 lits en r&eacute;animation pour 35 millions d'habitants.
"Notre destin est entre les mains d'un syst&egrave;me de sant&eacute; que nous avons n&eacute;glig&eacute; des ann&eacute;es durant", r&eacute;sume dans une vid&eacute;o tr&egrave;s partag&eacute;e sur les r&eacute;seaux sociaux un m&eacute;decin de Marrakech, esp&eacute;rant que la pand&eacute;mie actuelle puisse "servir de le&ccedil;on".
Au Maroc, le budget de la sant&eacute; repr&eacute;sente actuellement quelque 5% du budget national, contre&nbsp;12% recommand&eacute;s par l'Organisation mondiale de la sant&eacute; (OMS).&nbsp;Et le syst&egrave;me de sant&eacute; reste marqu&eacute; par de "profondes in&eacute;galit&eacute;s g&eacute;ographiques et socio&eacute;conomiques", selon l'OMS.
La pand&eacute;mie a aussi nourri le d&eacute;bat sur l'essor florissant du secteur priv&eacute;, o&ugrave; se soignent ceux qui ont les moyens, tandis que les plus riches pr&eacute;f&egrave;rent se rendre &agrave; l'&eacute;tranger.
"Bienvenue dans notre mis&egrave;re quotidienne", pointe la lettre ouverte d'un m&eacute;decin marocain, rappelant les mouvements r&eacute;currents de protestation de ses confr&egrave;res du public.
La Tunisie en particulier a vu ces derni&egrave;res ann&eacute;es se d&eacute;velopper un tissu dense de cliniques priv&eacute;es: des &eacute;tablissements qui pratiquent le "tourisme m&eacute;dical" et accueillent une client&egrave;le plut&ocirc;t ais&eacute;e, parfois &eacute;trang&egrave;re, en qu&ecirc;te par exemple de soins esth&eacute;tiques.
- "Profiter de cette crise"-

Pour combler les manques face &agrave; la pand&eacute;mie du Covid-19, les autorit&eacute;s marocaines ont lanc&eacute; des achats d'&eacute;quipements en urgence, financ&eacute;s par un fonds sp&eacute;cial de plus de 30 milliards de dirhams (trois milliards d'euros).La Tunisie peine, elle, &agrave; mobiliser des fonds.
"On &eacute;quipera aujourd'hui &agrave; la h&acirc;te, mais on r&eacute;fl&eacute;chira peut-&ecirc;tre (...), la prochaine fois, avant de construire une ligne de TGV (qui est en train de rouiller en ce moment) &agrave; 23 milliards de dirhams ou deux op&eacute;ras &agrave; trois milliards alors que l'h&ocirc;pital d'&agrave; c&ocirc;t&eacute; manque de B&eacute;tadine", esp&egrave;re Omar El Hyani, conseiller municipal &agrave; Rabat.&nbsp;
Cet &eacute;lu de la F&eacute;d&eacute;ration de la gauche d&eacute;mocratique (FGD) est d'autant plus indign&eacute; que la proposition de son parti d'augmenter le budget sant&eacute; dans le projet de loi de finances 2020, avant l'apparition de la crise sanitaire actuelle, s'est heurt&eacute;e &agrave; un refus quasi g&eacute;n&eacute;ral des autres d&eacute;put&eacute;s.
Le Parlement a en revanche vot&eacute; une hausse de 30% des d&eacute;penses militaires, augmentant l'enveloppe de la D&eacute;fense &agrave; hauteur de quatre milliards d'euros.
Sur fond de rivalit&eacute; historique avec Rabat, l'Alg&eacute;rie y consacre elle plus du double: 10 milliards d'euros, contre quatre milliards pour la sant&eacute;, le quatre poste budg&eacute;taire.
La pand&eacute;mie chamboulera-t-elle l'ordre des priorit&eacute;s?"Il faut +profiter+ de cette crise pour revoir notre syst&egrave;me de sant&eacute;", clame le Professeur Bouzid, en Alg&eacute;rie.
La pand&eacute;mie "a r&eacute;v&eacute;l&eacute; de nombreuses lacunes (...) que nous nous efforcerons de corriger &agrave; l'avenir en construisant un syst&egrave;me de sant&eacute; fort", a promis cette semaine le Premier ministre alg&eacute;rien, Abdelaziz Djerad.
burs-hme/sof/gk

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