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Réunie en sommet, l'UA veut faire taire des armes "de plus en plus bruyantes"

Lors des célébrations du cinquantenaire de l'Union africaine il y a sept ans, les dirigeants du continent avaient promis de "mettre un terme à toutes les guerres en Afrique d'ici à 2020".On est loin du compte.

Un objectif qui perdure n&eacute;anmoins: le sommet annuel de l'organisation panafricaine, qui doit se d&eacute;rouler dimanche et lundi &agrave; Addis Abeba en pr&eacute;sence des chefs d'Etat et de gouvernement des 55 membres de l'UA, a pour th&egrave;me "Faire taire les armes".
Des progr&egrave;s ont certes &eacute;t&eacute; enregistr&eacute;s derni&egrave;rement en Centrafrique ou au Soudan mais, du Cameroun au Mozambique, de nouvelles crises sont venues s'ajouter &agrave; celles qui d&eacute;chirent d&eacute;j&agrave; des pays comme la Libye ou le Soudan du Sud.
S'adressant jeudi aux ministres africains des Affaires &eacute;trang&egrave;res, le pr&eacute;sident de la Commission de l'UA Moussa Faki a dress&eacute; un portrait peu flatteur de la situation du continent, du Sahel &agrave; la Somalie, assurant que l'objectif manqu&eacute; de 2020 r&eacute;v&eacute;lait "la complexit&eacute; de la probl&eacute;matique s&eacute;curitaire en Afrique".
Estimant que "les armes sont de plus en plus bruyantes", Solomon Dersso, chef de l'organe de l'UA en charge des droits de l'homme, a &eacute;t&eacute; plus loin dans un &eacute;ditorial cette semaine dans le journal sud-africain Mail&amp;amp;Guardian: "Cela ressemble &agrave; un pied de nez au th&egrave;me de l'ann&eacute;e".
Le pr&eacute;sident sud-africain Cyril Ramaphosa, qui succ&egrave;de &agrave; l'Egyptien Abdel Fattah al-Sissi &agrave; la t&ecirc;te de l'UA dans le cadre de la pr&eacute;sidence tournante, semble conscient que la t&acirc;che s'annonce difficile.
Dans un discours fin janvier, il a rappel&eacute; que les conflits "continuent de limiter" le d&eacute;veloppement de l'Afrique, estimant que les objectifs d'int&eacute;gration &eacute;conomique et de lutte contre les violences faites aux femmes "passent par la promotion d'une Afrique s&ucirc;re et en paix".
D'autres insistent sur la n&eacute;cessit&eacute; de s'attaquer aux causes profondes des conflits."Si on veut r&eacute;gler ce probl&egrave;me, on parle de d&eacute;fis socio-&eacute;conomiques profonds, on parle de d&eacute;fis politiques en plus de d&eacute;fis s&eacute;curitaires", a soutenu Oussama Abdelkhalek, ambassadeur d'Egypte aupr&egrave;s de l'UA.

- Influence en Libye -

L'organisation africaine souhaite de fait s'affirmer sur plusieurs dossiers et tente notamment de peser davantage dans la r&eacute;solution du conflit en Libye, pays plong&eacute; dans le chaos depuis 2011.
En amont d'une conf&eacute;rence &agrave; Berlin en janvier, une porte-parole de M. Faki s'&eacute;tait plainte du fait que l'UA avait "syst&eacute;matiquement &eacute;t&eacute; ignor&eacute;e" sur le dossier libyen, g&eacute;r&eacute; principalement par l'ONU.
Mais les efforts de l'UA concernant la Libye ont &eacute;t&eacute; min&eacute;s par ses propres dissensions internes remontant &agrave; 2011, lorsque les membres africains du Conseil de s&eacute;curit&eacute; de l'ONU avaient approuv&eacute; une intervention militaire alors que le Conseil de paix et de s&eacute;curit&eacute; de l'UA s'y opposait.
Une source nig&eacute;rienne a expliqu&eacute; r&eacute;cemment que l'UA &eacute;tait "divis&eacute;e", soulignant par exemple que l'Egypte --un poids-lourd du continent et soutien du mar&eacute;chal Haftar, l'homme fort de l'Est libyen-- "ne veut pas que l'UA se charge de ce dossier".
Pour expliquer le manque de poids de l'UA dans ce dossier, Shewit Woldemichael, un chercheur de l'Institute for Security Studies, note par ailleurs que "la crise en Libye (...) a &eacute;t&eacute; pr&eacute;sent&eacute;e comme une crise qui se d&eacute;roule aux portes de l'Europe, et qui n&eacute;cessite une r&eacute;ponse directe des pays europ&eacute;ens".

- Conseil de s&eacute;curit&eacute; -

L'autre conflit auquel M. Ramaphosa entend s'atteler est celui au Soudan du Sud.Un accord de paix a &eacute;t&eacute; conclu en 2018, sous l'&eacute;gide de l'organisation est-africaine Igad mais la formation d'un gouvernement d'union nationale ne cesse d'&ecirc;tre repouss&eacute;e.
Le week-end dernier, le pr&eacute;sident sud-soudanais Salva Kiir a rencontr&eacute; M. Ramaphosa en Afrique du Sud alors que le vice-pr&eacute;sident sud-africain David Mabuza joue un r&ocirc;le actif dans les n&eacute;gociations sur la formation du gouvernement.
"C'est une opportunit&eacute; pour M. Ramaphosa de d&eacute;montrer son int&eacute;r&ecirc;t &agrave; s'atteler &agrave; ces questions, au-del&agrave; de la rh&eacute;torique de ses d&eacute;clarations publiques", estime Piers Pigou, consultant pour l'Afrique australe pour le groupe de r&eacute;flexion International Crisis Group.
La pr&eacute;sidence de l'UA co&iuml;ncide pour l'Afrique du Sud avec un si&egrave;ge temporaire au Conseil de s&eacute;curit&eacute; de l'ONU, lui donnant la possibilit&eacute; de faire entendre la voix du continent sur la sc&egrave;ne mondiale.
Dans un rapport publi&eacute; vendredi, l'ICG estime que M. Ramaphosa pourrait devoir jongler avec les sensibilit&eacute;s de dirigeants africains, qui "semblent de nos jours plus r&eacute;ticents aux promesses de paix collectives".

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