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Sénégal: le procès à enjeu de l'opposant Ousmane Sonko reprend sous haute tension

Le procès en diffamation contre l'opposant sénégalais Ousmane Sonko a repris jeudi en l'absence du prévenu mais dans un climat persistant de vive tension à un an de la présidentielle, ont constaté les journalistes de l'AFP.

AFRICA RADIO

30 mars 2023 à 12h51 par AFP

Dakar a une fois de plus été quadrillée par les policiers et les gendarmes et l'activité tournait à nouveau au ralenti dans la capitale, comme c'est devenu la règle, par craintes de troubles, à chaque rendez-vous de M. Sonko avec la justice Derrière ce procès en diffamation, c'est l'éligibilité de M. Sonko à la présidentielle de février 2024 qui est en jeu. L'opposant et ses supporteurs crient à l'instrumentalisation de la justice par le pouvoir en place qui chercherait à l'éliminer politiquement et à dégager la voie pour le sortant Macky Sall. M. Sonko, arrivé troisième de la présidentielle de 2019, populaire parmi les jeunes dans une population dont plus de la moitié a moins de 20 ans, a juré de ne pas se laisser faire. Depuis 2021, ses convocations dans ce dossier de diffamation, comme dans un autre portant sur des accusations de viols qu'il conteste, ont suscité des affrontements avec les forces de l'ordre. Au moins 12 personnes avaient trouvé la mort en 2021 lors de plusieurs jours d'émeutes, les troubles les plus graves connus depuis plusieurs années dans ce pays réputé comme un rare îlot de stabilité dans une région agitée. M. Sonko, 48 ans, était attendu jeudi au tribunal pour répondre de diffamation, injures et faux contre le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang. Une audience le 16 mars avait tourné au pugilat et le procès avait été renvoyé. M. Sonko, accompagné d'un cortège sur le chemin du tribunal, avait été extrait de force de sa voiture par les forces de sécurité qui l'avaient emmené dans leur propre véhicule. Il était absent jeudi à la reprise des débats dans un palais de justice transformé en camp retranché. M. Sonko avait préalablement déclaré que sa présence n'était pas requise et qu'il pouvait se faire représenter par ses avocats. L'audience a aussitôt donné lieu à des incidents de procédure et à de vifs échanges entre les parties. Le juge a rejeté une demande de nouveau renvoi des avocats de M. Sonko, qui ont quitté le prétoire. L'enjeu dépasse largement la réputation du ministre. Les textes en vigueur prévoient une radiation des listes électorales, et donc une inéligibilité, dans certains cas de condamnation.