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Sierra Leone: attaque contre une armurerie et heurts à Freetown, couvre-feu national

Des affrontements armés ont secoué la capitale sierra-léonaise Freetown dimanche matin après une tentative avortée de forcer une armurerie militaire, selon le gouvernement, qui a instauré un couvre-feu national.

AFRICA RADIO

26 novembre 2023 à 12h21 par AFP

Freetown (AFP)

Des témoins ont rapporté à un correspondant de l'AFP des coups de feu et des détonations dans le quartier de Wilberforce, où l'armurerie aurait été attaquée.D'autres ont aussi fait état d'échanges de tirs près de la caserne de Morray Town, où se trouve la Marine, et devant une autre implantation militaire dans la capitale.

Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des groupes d'hommes dans la rue, décrits comme des détenus qui se seraient échappés de prison.L'AFP n'a pas obtenu confirmation auprès des autorités que les portes de la prison avaient été ouvertes.

"J'ai été réveillée vers 04H30 (locales et GMT) par un fort bruit de mitrailleuse et de bombes venant du côté de la caserne de  Wilberforce", a dit à l'AFP Susan Kargbo, un témoin joint par téléphone."J'étais sous le choc, en panique (...) C'était comme en temps de guerre.Je n'ai pas pu aller à l'église à cause du couvre-feu", a-t-elle dit.

Des documents sonores diffusés sur les réseaux sociaux font entendre des tirs à l'arme automatique et des explosions.

Les rues de la capitale sont vides, ont dit les témoins.

"Nous assurons au grand public que le gouvernement et nos forces de sécurité contrôlent la situation", a dit le ministère de l'Information dans un communiqué.

"Un couvre-feu national est instauré avec effet immédiat à travers tout le pays pour permettre aux forces de sécurité de continuer à rechercher les suspects", a-t-il dit.

Il n'a fourni aucune précision sur les auteurs présumés de l'attaque ou leurs motivations.La Sierra Leone, pays anglophone d'Afrique de l'Ouest, a traversé une crise politique à la suite d'élections présidentielle et générales en juin 2023.

L'Afrique de l'Ouest a été le théâtre depuis août 2020 d'une série de coups d'Etat militaires et de tentatives de coups de force, notamment au Mali, au Burkina Faso, au Niger et en Guinée, voisine de la Sierra Leone.

"Aux premières heures dimanche (...) des individus non-identifiés ont tenté de forcer l'armurerie militaire de la caserne de Wilberforce.Ils ont tous été repoussés", a dit le ministère.

Wilberforce est l'une des principales casernes du pays.Le quartier abrite aussi des ambassades.

"Nous conseillons vivement à nos concitoyens de rester chez eux", a-t-il dit.

- "protéger la démocratie" -

Le président Julius Maada Bio a également assuré que l'attaque avait été contrecarrée."Le calme est rétabli", a-t-il dit sur X (ex-Twitter).

"Nous restons déterminés à protéger la démocratie en Sierra Leone et je presse tous les Sierra-Léonais de s'unir autour de cette responsabilité collective", a-t-il dit.

"Nous condamnons dans les termes les plus vigoureux la tentative de saisie forcée pendant la nuit de la caserne et de l'armurerie Wilberforce", a dit l'ambassade des Etats-Unis dans un message sur les réseaux sociaux.

"Les États-Unis continuent de soutenir tous ceux qui œuvrent pour une Sierra Leone pacifique, démocratique, saine et prospère", a-t-elle dit.

Julius Maada, élu une première fois en 2018, a été réélu en juin dès le premier tour, avec 56,17 % des voix selon les résultats publiés par la commission électorale.

Les observateurs étrangers ont cependant dénoncé des incohérences et un manque de transparence dans le décompte, ainsi que des actes de violence et d'intimidation.

Le principal parti d'opposition, le Parti du Congrès de tout le peuple (APC), a jugé les élections présidentielle, mais aussi législatives et locales, truquées, et a décidé de boycotter le Parlement et les conseils locaux.

Le gouvernement et l'APC ont finalement conclu en octobre un accord sous la médiation du Commonwealth, de l'Union africaine et de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao).

L'APC a dans ce cadre accepté de mettre fin à son boycott en échange de la fin des détentions et des affaires judiciaires motivées selon lui par des considérations politiques.