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Somalie: des figures d'oppsition déplorent une refonte du système politique "sans consultation"

Des anciens présidents et Premiers ministres de Somalie ont déploré lundi les annonces faites par les autorités la veille, "sans consultation approfondie", sur l'introduction du suffrage universel direct aux élections dès 2024 et un changement vers un régime présidentiel.

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29 mai 2023 à 17h36 par AFP

Ils affirment leur opposition à "certaines dispositions (...) qui sont en violation des lois du pays et de l'accord de partage du pouvoir", comme un nouveau calendrier électoral et le fait que seuls deux partis seraient autorisés à concourir aux scrutins nationaux. Ces annonces ont été faites après qu'un accord a été trouvé entre le gouvernement et les présidents de quatre États fédérés, lors d'une réunion du Forum national consultatif. Le président de l'État du Puntland, Saïd Abdullahi Deni, n'était pas présent. "Nous saluons les efforts déployés pour amener le pays au niveau d'+une personne, une voix+ et d'un système multipartite", écrivent dans un communiqué commun huit personnalités, dont l'ancien président Sharif Sheikh Ahmed et quatre Premiers ministres (Omar Abdirashid Ali Sharmarke, Hassan Ali Kheire, Abdiweli Sheikh Ahmed, Abdiweli Ali Gaas). Mais "prendre une telle décision d'intérêt national (...) sans la pleine représentation de tous les États membres fédéraux mettra en péril l'unité du peuple", poursuivent-ils, en référence à l'absence de M. Deni. "Apporter des changements au mécanisme de partage du pouvoir et au système de gouvernance du pays sans consultation approfondie, sans consulter la population conduira à l'effondrement, à la défiance et à la désintégration de la société", ajoutent-ils. Ils affirment leur opposition au nouveau calendrier électoral qui prévoit notamment des élections aux parlements et à la présidence des États fédérés le 30 novembre 2024, ce qui entraînerait une extension de fait des mandats de certains présidents prévus pour arriver à échéance avant cette date. Les signataires dénoncent aussi le fait que seuls deux partis soient prévus pour participer aux élections nationales, "ce qui montre que le pouvoir sera confiné à un petit groupe de personnes". Ils appellent les deux chambres du parlement, qui doivent voter cet accord, "à remplir leurs devoirs constitutionnels et à protéger le pays de toute tentative qui ne serait pas dans l'intérêt du pays et du processus de construction de l'État". Le suffrage universel direct a disparu en Somalie après la prise du pouvoir par le dictateur Siad Barré en 1969. Les élections se déroulaient depuis selon un complexe processus indirect basé sur les clans structurant la société somalienne. Ce système est source de luttes de pouvoir et d'instabilité qui, selon de nombreux observateurs, profitent à l'insurrection des islamistes radicaux shebab qui ensanglante le pays depuis 2007.