Soupçons d'ingérence étrangère: un lobbyiste en garde à vue à Paris
Un lobbyiste français a été placé en garde à vue, dans le cadre d'une enquête sur des soupçons de corruption et de trafic d'influence en lien avec plusieurs pays, a indiqué mardi une source proche de l'enquête.
3 octobre 2023 à 17h51 par AFP
Jean-Pierre Duthion est entendu dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte par le parquet national financier (PNF) pour des soupçons, notamment, de trafic d'influence, corruption d'agent public national et corruption privée, ouverte après une plainte de la chaîne BFMTV et un article du collectif de journalistes d'investigation Forbidden stories. L'enquête porte sur des soupçons d'ingérence étrangère, notamment via Jean-Pierre Duthion, dans le travail de l'ex-journaliste de BFMTV Rachid M'Barki. Cela concerne une douzaine de brèves illustrées en images, ayant notamment trait aux oligarques russes, au Qatar ou au Sahara occidental. Présentateur des journaux de la nuit, M. M'Barki a été licencié en février pour faute grave par le groupe Altice, auquel appartient cette chaîne. Une plainte contre X pour corruption passive et abus de confiance a été déposée. En déplorant un "lynchage médiatique", le journaliste de 54 ans a toutefois admis avoir fait passer à l'antenne des images fournies par Jean-Pierre Duthion, décrit comme l'un de ses informateurs. Lundi, Nabil Ennasri, un politologue français spécialiste du Qatar, a également été placé en garde à vue dans le cadre de cette enquête. Il était toujours en garde à vue mardi après-midi, a précisé la source proche du dossier. Les enquêteurs s'interrogent sur le rôle que cet auteur de plusieurs ouvrages sur le Qatar aurait éventuellement joué, notamment au moment de la Coupe du monde de football, comme agent d'influence au profit de la monarchie qatarie, selon le journal Le Parisien. Le domicile de M. Duthion avait été perquisitionné le 27 septembre, tout comme le bureau à l'Assemblée nationale du député écologiste Hubert Julien-Laferrière, qui s'est depuis mis en retrait de son groupe. Les magistrats financiers se demandent si l'élu écologiste du Rhône aurait vanté en février 2022 le LimoCoin, une cryptomonnaie qui s'est avérée être une escroquerie, à la demande du lobbyiste et contre d'éventuelles contreparties.