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Tanzanie: la présidente dit qu'elle va restaurer la "compétition électorale"

La présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan a affirmé mercredi qu'elle allait restaurer la "compétition électorale" et relancer le processus de révision constitutionnelle, réclamé de longue date par l'opposition.

AFRICA RADIO

8 mars 2023 à 18h21 par AFP

"Je vous promets plus de réformes pour construire notre nouvelle nation avec une compétition électorale", a lancé la dirigeante de 63 ans lors d'un rassemblement de l'opposition célébrant la journée internationale des droits des femmes. Aucun président n'avait assisté à un événement organisé par l'opposition au cours des trois dernières décennies, a fait remarquer Mme Hassan. "Nous écrivons aujourd'hui une nouvelle histoire en nous efforçant d'unir notre nation", a-t-elle déclaré sous les vivats de la foule. "S'il y a un problème, asseyons-nous ensemble, discutons et allons de l'avant après avoir trouvé un consensus". Elle a promis de constituer une commission pour des réformes constitutionnelles, sans fournir de calendrier. Des groupes de défense des droits humains et des partis d'opposition réclament des changements constitutionnels afin notamment de limiter les pouvoirs présidentiels. Les précédentes tentatives de modification de la loi fondamentale ont échoué en 2014, avec une répression gouvernementale contre l'opposition. La Tanzanie a organisé ses premières élections pluralistes en 1995, et le parti au pouvoir, le Chama Cha Mapinduzi (CCM), les a toutes remportées depuis. Il avait par exemple remporté 84% des voix aux élections générales de 2020, un scrutin contesté par l'opposition et certains diplomates. Sous la présidence de John Magufuli (2015-2021), surnommé le "Bulldozer", les rassemblements politiques ont été interdits, les dirigeants de l'opposition emprisonnés et les médias intimidés. Mme Hassan, au pouvoir depuis 23 mois, est revenue sur plusieurs des politiques les plus controversées de son prédécesseur, mais les espoirs d'ouverture ont été refroidis en juillet 2021 lorsque Freeman Mbowe, le chef du parti d'opposition Chadema, a été arrêté pour des accusations de terrorisme. Il a été libéré sept mois plus tard, mais certaines voix critiques ont depuis qualifié la présidente de "dictatrice". "Nous sommes prêts à pardonner tout ce que nous avons vécu dans le passé et à aller de l'avant, car vous avez montré de bonnes intentions à ce sujet", a toutefois déclaré M. Mbowe, présent au rassemblement mercredi. Le pouvoir a multiplié les signes d'ouverture ces derniers mois, notamment en janvier, avec la levée de l'interdiction des rassemblements de l'opposition puis le retour d'un exil de cinq ans de Tundu Lissu, figure centrale de l'opposition tanzanienne.