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Tunisie: le président du Parlement entendu par la justice

Le président du Parlement tunisien dissous Rached Ghannouchi a été interrogé vendredi par un juge d'instruction dans le cadre d'une enquête pour "complot contre la sûreté de l'Etat" après la tenue d'une séance virtuelle de l'assemblée malgré sa suspension.

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1er avril 2022 à 20h06 par AFP

M. Ghannouchi, 81 ans, également chef du parti d'inspiration islamiste Ennahdha, a répondu à une convocation du pôle judiciaire antiterroriste à Tunis, a indiqué la direction du Parlement dissous dans un communiqué. La justice l'accuse "d'avoir comploté contre la sûreté de l'Etat, ce qui est un précédent dangereux", a indiqué à l'AFP Imed Khemiri, député et porte-parole du parti Ennahdha, lui aussi convoqué pour les mêmes raisons. Après environ une heure d'interrogatoire, M. Ghannouchi a quitté les locaux du pôle judiciaire, a constaté un photographe de l'AFP. Mercredi, le président Saied a annoncé la dissolution du Parlement, huit mois après l'avoir suspendu pour s'arroger les pleins pouvoirs en juillet 2021. Cette décision a été prise quelques heures après la tenue d'une réunion virtuelle de 120 députés, à l'appel d'une instance de direction du Parlement, bravant la suspension des activités de l'assemblée. Pendant cette réunion, à laquelle M. Ghannouchi n'a pas participé, 116 députés ont voté pour annuler les mesures exceptionnelles prises par M. Saied qui bloquent, selon eux, le processus démocratique et instaure un pouvoir autoritaire dans le pays. M. Saied a qualifié cette réunion de "tentative de coup d'Etat, qui a échoué". Il a accusé les participants de "comploter contre la sécurité de l'Etat" et demandé à la ministre de la Justice, Leila Jaffel, d'engager des poursuites à leur encontre. Jeudi, une enquête judiciaire a été ouverte contre les députés ayant participé à la séance en ligne, a-t-on appris auprès du ministère de la Justice. Plus de 30 députés ont reçu une convocation de la brigade antiterroriste, selon M. Ghannouchi qui, dans un entretien à l'AFP, a rejeté la dissolution du Parlement. "Cette décision est nulle et non avenue et elle est contraire à la Constitution. Elle s'inscrit dans la continuité des décisions prises depuis le 25 juillet que nous avons rejetées et considérées comme un coup d'Etat", a-t-il dit.