Maputo demande le retour de ses biens culturels spoliés : masques, statues, bijoux rituels, archives sacrées et bien d'autres. Durant les cérémonies de la Journée de l'Afrique dimanche 25 mai, le Mozambique a officiellement interpellé plusieurs musées européens afin de récupérer ces objets d’art.
Samaria Tovela, ministre mozambicaine de l’Éducation et de la Culture, a appelé lors de la cérémonie à "la restitution d’au moins 800 objets d’art". Elle a souligné qu’une attention particulière devait être portée à la réparation historique, qui passe aussi "par des moyens symboliques et culturels".
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Selon l’Agence d’information de Maputo, environ 3 000 artefacts africains identifiés font l’objet de demandes de restitution à travers tout le continent.
Earlier today, Rwanda High Commission in Mozambique joined other African Embassies and the Host Government in celebration of the 62nd Anniversary of the Africa Day. This year theme is: ”Justice for Africans and people of African descent through reparations”. HE Dr Samaria Tovela,… pic.twitter.com/RfQeCPxIKI
— Rwanda in Mozambique, Eswatini & Union des Comores (@RwandainMoz) May 25, 2025
Cicatriser les traumatismes collectifs engendrés par la colonisation
Plusieurs revendications entourent ce rapatriement. Au-delà de la réparation financière, Samaria Tovela a également insisté sur la nécessité d’une restauration de l’identité. Elle souhaite une compensation symbolique, destinée à cicatriser les traumatismes collectifs engendrés par la colonisation.
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Une ouverture diplomatique est également envisagée, avec la création d’un sommet extraordinaire entre l’Union africaine (UA) et la CARICOM (Communauté des Caraïbes). Cette initiative a été formulée par Maria Munela Lucas, cheffe de la diplomatie mozambicaine, afin de constituer une force commune face aux institutions européennes. Un sommet UA–CARICOM sur les réparations est déjà prévu en décembre 2025 à Maputo.
Les objets d’art réclamés sont dispersés dans toute l’Europe
Le Mozambique attend aussi une condamnation claire des déportations, massacres et pillages subis durant la période coloniale, en lien direct avec la restitution des biens culturels.
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Les objets d’art réclamés sont dispersés dans toute l’Europe. Une première cartographie, réalisée par le ministère mozambicain de la Culture, a permis de localiser certains d’entre eux : environ 320 seraient exposés au musée d’Anthropologie de Lisbonne, environ 140 aux Staatliche Museen de Berlin, et près de 80 au musée du Quai Branly à Paris. D’autres, cependant, sont conservés dans des collections privées, ce qui complique leur récupération.
Une restitution avant septembre 2025
Maputo exige que les 800 objets soient restitués d’ici septembre 2025. Un volet culturel et éducatif a été lancé parallèlement, afin de sensibiliser le public à l’histoire du pillage colonial.
Une démarche à l'échelle du continent est déjà amorcée : depuis 2021, plusieurs pays africains ont intensifié leurs revendications patrimoniales, avec des effets concrets.
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