Quand l’âne devient marchandise : près de 6 millions de bêtes sont abattues chaque année pour leur peau

Actus. Propagation de maladies, menace pour la survie économique, souffrance animale : les conséquences sociales, économiques et sanitaires du commerce de peaux d'ânes sont considérables. Exportés vers la Chine, près de 6 millions d’ânes sont abattus chaque année.

Quand l’âne devient marchandise : près de 6 millions de bêtes sont abattues chaque année pour leur peau
Déplacement des femmes en Ethiopie à pied et accompagnées d'âne en 2008. - Wikimedia Commons

La peau de l’animal aux grandes oreilles est bouillie puis transformée en gélatine pour fabriquer l’ejiao, un remède traditionnel chinois. De couleur sombre, cette gelée de peau d’âne est censée améliorer la circulation sanguine, ralentir le vieillissement, stimuler la libido et la fertilité. Ses vertus n’ont jamais été démontrées par la communauté scientifique internationale. Chaque année, selon l’ONG The Donkey Sanctuary (Le Sanctuaire de l’Âne), près de 6 millions d’ânes sont abattus à travers le monde pour produire ce remède. Ce chiffre pourrait grimper à 7 millions l’année prochaine.

La population d'âne a chuté en Chine

Lorsque la population d’ânes domestiques s’est effondrée en Chine, le pays s’est tourné vers le marché international. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en 1992, la Chine abritait plus de 11 millions d’ânes — la plus grande population mondiale.

Vingt-cinq ans plus tard, en 2017, cette même organisation enregistrait une baisse significative de l'espèce, avec seulement 4,6 millions d’équidés. Cette même année, Pékin publiait son Annuaire statistique de la Chine, dans lequel il faisait état d’un chiffre encore plus bas : 2,6 millions d’ânes.

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Une ferveur populaire

Le marché de l’ejiao est devenu plus accessible. Autrefois réservé aux empereurs, ce remède traditionnel est désormais prisé par la classe moyenne chinoise et représente un marché de plus de 6 milliards de dollars (environ 5,1 milliards d’euros). Entre 2013 et 2016, sa production est passée de 3 200 à 5 600 tonnes, selon le rapport de The Donkey Sanctuary publié en novembre 2019.

Pour alimenter ce commerce, quelque 5,9 millions d’ânes sont abattus chaque année dans le monde. L’animal devient une marchandise, et les populations locales — particulièrement les femmes et les enfants — sont les premières touchées, souligne le rapport de l’ONG présente dans plus de 40 pays.

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Un compagnon du quotidien

L’âne contribue, en Afrique et dans le reste du monde, à réduire la pauvreté et la vulnérabilité. Il soutient les ménages les plus marginalisés et ruraux. Compagnon du quotidien, il est utilisé pour la collecte de l’eau, le transport des familles vers les centres médicaux et celui des enfants vers les écoles, selon le rapport de l’ONG.

La vente de peaux d’ânes a été interdite à l’échelle continentale grâce à l’adoption, en 2024, de mesures par l’Union africaine. Une étape importante pour les populations locales et la sauvegarde de l’espèce. Plusieurs organisations internationales, dont The Donkey Sanctuary, assistent les États membres face aux défis que cela représente. Un moratoire a également été demandé par l’ONG.

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