Dans un communiqué adressé au roi du Maroc Mohammed VI, le collectif de jeunes marocains GenZ 212 a réclamé dans la nuit du jeudi 2 au vendredi 3 octobre la démission du gouvernement, après une sixième soirée consécutive de manifestations pour l’amélioration des services publics, sur fond de violences meurtrières survenues mercredi.
Une mobilisation inédite
Depuis le samedi 27 septembre, GenZ 212 organise des rassemblements sociaux qui ont gagné en ampleur dans tout le royaume. Ce mouvement, qui revendique 150 000 membres sur sa page Discord, a émergé après le décès de huit femmes enceintes à l’hôpital public d’Agadir, relançant la colère sur les inégalités du système de santé.
À Rabat, des dizaines de manifestants se sont retrouvés jeudi soir dans le quartier commerçant d’Agdal, brandissant des drapeaux marocains et scandant "Le peuple veut la santé et l’éducation". La mobilisation s’est terminée dans le calme, selon un journaliste de l’AFP. D’autres rassemblements pacifiques ont eu lieu à Casablanca, Marrakech et Agadir.
Trois morts lors de violences
Dans la nuit de mercredi à jeudi, des violences ont éclaté après les manifestations. Trois personnes ont été tuées par des gendarmes "en légitime défense" alors qu’elles tentaient "de prendre d’assaut" une brigade dans le village de Lqliaâ, près d’Agadir, pour s’emparer d’armes et de munitions, selon le ministère de l’Intérieur.
Un appel à un changement de gouvernement
"Nous demandons la dissolution du gouvernement actuel pour son échec à protéger les droits constitutionnels des Marocains et à répondre à leurs revendications sociales", a déclaré GenZ 212 dans un communiqué adressé au roi Mohammed VI. Le collectif appelle aussi à l’ouverture d’un "processus judiciaire équitable" pour poursuivre les responsables de corruption.
Le Premier ministre Aziz Akhannouch avait plus tôt affirmé la volonté du gouvernement de "répondre aux revendications sociales" des jeunes et sa "disposition à dialoguer".
"Nous voulons des hôpitaux, pas seulement des stades"
Les manifestants insistent sur leurs priorités sociales dans un pays engagé dans de vastes projets d’infrastructures liés à la Coupe du monde 2030, que le Maroc coorganisera avec l’Espagne et le Portugal. "Nous voulons des hôpitaux, pas seulement des stades", ont répété jeudi des jeunes à Rabat, un mot d’ordre repris également à Casablanca et Agadir.
Violences et vandalisme
Mercredi, pour la première fois, les autorités avaient autorisé des rassemblements du collectif, réunissant des centaines de jeunes à Casablanca, Tanger et Tétouan. Mais la soirée a été marquée par des incidents. À Salé, des individus cagoulés ont incendié deux voitures de police et une agence bancaire. "Les jeunes que j’ai vu vandaliser et casser à Salé n’ont rien à voir avec les jeunes de GenZ 212. Ce sont des voyous venus avec l’intention de vandaliser", a affirmé Hicham Madani, un habitant.
Selon le ministère de l’Intérieur, ces violences ont fait plus de 350 blessés, en majorité parmi les forces de l’ordre, et causé d’importants dégâts matériels : véhicules officiels et privés, établissements administratifs, commerciaux et sanitaires. La veille, des manifestations interdites avaient déjà provoqué près de 300 blessés et conduit à plus de 400 interpellations.
Un collectif qui se dit apolitique
GenZ 212, dont les fondateurs restent inconnus, se décrit comme un "espace de discussion" sur "la santé, l’éducation et la lutte contre la corruption". Le collectif affirme agir par "amour de la patrie et du roi" dans un pays traversé par de profondes inégalités entre zones rurales et urbaines, mais aussi entre services publics et privés.
Jeudi, il a demandé la "libération de toutes les personnes détenues en lien avec les manifestations pacifiques".
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