Maroc : “GenZ212 exprime un décalage entre la politique de puissance et la réalité sociale”, selon l’historien Pierre Vermeren

Actus. Alors que le mouvement GenZ212 appelle à la démission du gouvernement après plusieurs soirées de manifestations, l’historien Pierre Vermeren analyse les ressorts de cette contestation. Selon lui, la mobilisation de la jeunesse marocaine, urbaine et rurale, met en lumière un profond décalage entre les ambitions internationales du royaume et les attentes sociales de sa population.

Maroc : “GenZ212 exprime un décalage entre la politique de puissance et la réalité sociale”, selon l’historien Pierre Vermeren
Le Maroc connaît depuis plusieurs jours une vague de contestation sans précédent, portée par le collectif de jeunes GenZ212

Le Maroc connaît depuis plusieurs jours une vague de contestation sans précédent, portée par le collectif de jeunes GenZ212. Après six soirées de manifestations marquées par des violences meurtrières, le mouvement exige une amélioration des services publics, notamment en matière de santé et d’éducation. “C’est un phénomène inédit au Maroc, mais ce n’est pas inédit en général. On voit que la mobilisation de la jeunesse se retrouve dans plusieurs pays du monde. Cette génération marocaine est très connectée sur les réseaux sociaux”, explique Pierre Vermeren, professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et spécialiste du Maghreb, auteur notamment du livre : le Maroc en 100 questions: un Royaume de paradoxes, aux éditions Tallandier. 

Ecoutez Pierre Vermeren


D’après Pierre Vermeren, le mouvement est loin d’être circonscrit aux grandes villes “On parle surtout de la mobilisation urbaine, mais cela fait des semaines qu’il y a des coordinations rurales, des défilés et des manifestations. Ce n’est pas seulement la jeunesse urbaine, c’est plutôt la mobilisation de la jeunesse des villes déshéritées, des campagnes, qui a rejaillit sur les villes.” déclare l’historien. 

“C’est une demande de plus d’Etat et de protection” 

Pour l’historien, les revendications de GenZ212 ne relèvent pas d’un projet politique structuré, mais d’un appel urgent à davantage de justice sociale : “Leur objet, c’est vraiment d’obtenir peut-être des changements de personnalités qui dirigent le Maroc, comme le Premier ministre, mais surtout d’obtenir des résultats en terme de prise en charge sociale, c’est une demande de plus d’État, une demande de plus de protection à la fois pour l’emploi, pour la santé, les services publics qui sont en crise au Maroc.” estime Pierre Vermeren.

 

En filigrane, se dessine un écart grandissant entre les ambitions du royaume et la réalité vécue par une grande partie de sa jeunesse  

“Les objectifs de la monarchie sont d’abord politiques, diplomatiques, mettre le Maroc sur le devant de la scène internationale (…) Mais la plupart de la jeunesse est mise à l’écart de cela, et c’est contre cela qu’elle proteste. Ce qu’elle voit au quotidien dans son existence ne correspond pas à cette politique de puissance.” déclare l’historien. 

Au Maroc, le collectif GenZ 212 réclame au roi Mohammed VI la démission du gouvernement

 

Prudence des autorités selon Pierre Vermeren 

Face à cette contestation, les autorités optent pour une stratégie attentiste “Les autorités sont prudentes évidemment. Je pense qu’il y a une forme d’attentisme parce qu’on veut voir jusqu’où va ce mouvement”, conclut Pierre Vermeren. 



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