Une ville sous siège depuis 18 mois
Au moins 13 civils ont été tués mercredi dans une attaque imputée aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) contre une mosquée du quartier Abou Chouk, à el-Facher, dernière grande ville du Darfour encore partiellement contrôlée par l’armée soudanaise. “Après une attaque aux obus mercredi après-midi sur la mosquée, nous avons retiré 13 corps des décombres et nous les avons enterrés”, a rapporté un témoin cité par l’AFP. Un survivant a fait état d’une vingtaine de blessés, précisant que soixante-dix familles s’étaient réfugiées dans la mosquée après l’invasion de leurs maisons par les FSR. Cette attaque s’ajoute à une nouvelle série de frappes meurtrières sur la ville assiégée depuis près d’un an et demi. Selon des sources locales, 33 civils ont été tués en 24 heures dans plusieurs bombardements menés par les FSR, qui cherchent à prendre le contrôle total de la ville.
Des attaques répétées contre les civils et les hôpitaux
Mardi déjà, une attaque de drone avait visé le service de maternité de l’hôpital d’el-Facher, tuant huit personnes et en blessant sept autres, selon des sources médicales. Le lendemain, une autre frappe a fait au moins douze morts, dont un médecin et un infirmier, et dix-sept blessés.
Ces attaques rappellent la violence extrême des combats qui ravagent la région. Mi-septembre, une autre mosquée d’el-Facher avait déjà été la cible d’un bombardement ayant fait au moins 75 morts, selon des secouristes locaux.
Soudan : huit morts dans un bombardement de drone contre une maternité au Darfour
Une population prise au piège de la guerre
Depuis août, les FSR ont intensifié leurs offensives, multipliant les tirs d’artillerie et les attaques de drones. Selon une analyse du Humanitarian Research Lab de l’Université Yale, la ville est désormais encerclée par 68 kilomètres de remblais, ne laissant qu’un étroit corridor d’évacuation.
D’après l’ONU, plus d’un million de personnes ont fui el-Facher depuis le début du conflit, soit 10 % du total des déplacés du pays. La population urbaine est passée de plus d’un million d’habitants à environ 413 000, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Les civils restés sur place vivent dans des conditions dramatiques : pénurie d’eau, de nourriture et de soins, bombardements quotidiens et abris improvisés creusés dans les cours des maisons. Même la nourriture pour animaux, utilisée comme dernier recours, est devenue rare et hors de prix.
🔴 #Soudan : « Depuis avril 2023, la situation n’a fait que se détériorer. Les civils, les autorités et les humanitaires font face à une insécurité qui empêche de répondre à la crise », alerte Patrick Youssef, directeur régional #Afrique du @ICRC. pic.twitter.com/ZbjLqGwBHX
— ONU Genève (@ONUGeneve) September 19, 2025
Une crise humanitaire sans précédent
La guerre qui oppose depuis avril 2023 les Forces armées soudanaises aux FSR a déjà fait des dizaines de milliers de morts et provoqué le déplacement de millions de personnes. Les Nations unies décrivent aujourd’hui le Soudan comme le théâtre de “la pire crise humanitaire au monde”, alors que les combats continuent de ravager un pays à bout de souffle, sans perspective de cessez-le-feu durable.
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