Un avocat emblématique détenu malgré plusieurs décisions de justice
Un collectif d’une vingtaine d’avocats venus du Burkina Faso, du Tchad, du Niger, du Sénégal, du Mali, du Bénin, des Comores et de la France a dénoncé la “détention illégale” de leur confrère Me Guy Hervé Kam, détenu depuis plus d’un an à la prison militaire de Ouagadougou.
Dans un communiqué transmis à l’AFP, les avocats affirment que leur collègue, figure majeure de la société civile burkinabè, est privé de liberté sans fondement légal : “Nous dénonçons un déni de justice intolérable, dont l’unique but est de maintenir maître Kam Guy Hervé Rommel en prison, même en l’absence de toute base légale, en contradiction avec l’État de droit et la justice”, écrivent-ils.
Maître Guy Hervé Kam avocat du barreau du Burkina-Faso a été enlevé à Ouagadougou et est aujourd'hui séquestré, nul ne sait où. La CIB s'oppose à de telles pratiques et soutient le barreau du Burkina-Faso. pic.twitter.com/VNGMzQpp8B
— Conférence Internationale des Barreaux (CIB) (@CIB_Avocats) January 26, 2024
Le collectif rappelle qu’en juillet 2024, le tribunal militaire de Ouagadougou avait infirmé la décision de placement en détention de Me Kam, estimant qu’aucun indice grave et concordant ne permettait de le lier aux infractions de “complot et association de malfaiteurs” qui lui sont reprochées.
Arrestations à répétition et pressions sous le régime militaire
Arrêté une première fois dans la nuit du 24 au 25 janvier 2024 à l’aéroport de Ouagadougou par des hommes en civil, Me Kam avait été détenu pendant quatre mois dans les locaux de la sûreté d’État avant d’être présenté à la justice.
Le 7 mars, un tribunal avait ordonné sa libération immédiate, décision confirmée le 23 avril en appel. Il avait été libéré le 29 mai, puis de nouveau arrêté le lendemain, inculpé pour “complot et association de malfaiteurs”, avant d’être placé en détention à la prison militaire. Selon ses avocats, il n’a toujours pas été interrogé sur les faits qui lui sont reprochés, malgré des demandes répétées.
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Une figure du combat citoyen burkinabè
Âgé d’une cinquantaine d’années, Guy Hervé Kam est une personnalité influente de la société civile burkinabè. Cofondateur du Balai citoyen, mouvement qui avait joué un rôle central dans la chute du régime de Blaise Compaoré en 2014, il est également le leader du mouvement Sens (Servir et non se servir) et a été l’avocat de la famille de Thomas Sankara, icône révolutionnaire assassinée en 1987.
Sous le régime du capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir par un coup d’État en septembre 2022, plusieurs organisations de défense des droits humains dénoncent une répression accrue contre les voix critiques, qu’elles soient politiques, médiatiques ou issues de la société civile.
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