Les Afropéruviens représentent 3 à 4 % de la population au Pérou. Mais quelle est la réalité des Afropéruviens ?
Oui, il y a le chiffre officiel de 3 %, mais aujourd’hui, il y a eu une lutte pour avoir plus d’informations grâce au recensement.
Le ministère de la Culture a un bureau dédié spécialement aux politiques destinées à la population afro-péruvienne, qui a un double travail, parce que les populations indigènes originaires, bien qu’elles soient des Andes, de la montagne ou du cœur de l’Amazonie, ont des droits grâce à la loi, parce qu’elles sont des populations originaires. En revanche, les populations afro-péruviennes, non : elles ne sont pas reconnues dans la Constitution en tant que peuple. Donc, c’est une double lutte.
L’objectif de cette exposition est de rappeler l’héritage africain du Pérou. Les Afropéruviens sont des descendants d’esclaves amenés par les Espagnols au XVIᵉ siècle. Ils font partie intégrante de la société péruvienne. Pour autant, est-ce que leur histoire figure dans les manuels scolaires ? Est-ce qu’elle est suffisamment racontée ?
Non, pas du tout. Et c’est grave. C’est grave. Ce qu’ils nous apprennent à l’école, dans les textes scolaires, c’est, oui, le côté de l’esclavage. Mais après, l’apport culturel, historique, économique, la situation actuelle, les leaders qui ont lutté aussi dans la guerre d’indépendance, la création de la République, les leaders d’aujourd’hui, pas du tout.
Mais est-ce qu’il y a des évolutions ? Cela fait 20 ans que vous travaillez justement pour une meilleure et une plus grande représentation des Afropéruviens.
Oui, bien sûr qu’il y a des avancées. Par exemple, le fait qu’il existe ces bureaux à l’intérieur du ministère de la Culture, c’est transcendantal. Mais notre ministère de la Culture est jeune. Je crois qu’il existe depuis environ 15 ans, si je ne me trompe pas.
Après, oui, il y a aussi beaucoup de nouveaux groupes et d’associations de jeunes Afropéruviens, d’influenceurs très importants, avec une conscience profonde, avec une vision plutôt macro de la diaspora, qui peut se développer aussi grâce aux réseaux sociaux, à Internet, et au lien avec plusieurs pays, cultures et populations de la diaspora, pour grandir ensemble.
Et au Pérou, oui, aujourd’hui, par exemple, avant, personne n’utilisait le concept d’Afropéruvien, mais il existe maintenant plein d’associations et de militants qui ont travaillé pour ça.
Et quel était le concept utilisé avant, s’il n’y avait pas le concept d’Afropéruvien ?
C’est le mot « noir » et plein d’autres mots que je ne veux pas dire, qui sont condescendants, racistes.
Les Africains venus au Pérou étaient originaires d’Angola, de Guinée, du Sénégal, de Gambie, du Mozambique, du Congo et du Ghana. Pour chacun de ces pays, que reste-t-il de leur influence et de leur présence dans la culture et dans l’histoire péruvienne ?
C’est une très belle question, mais la réponse est triste. Il n’y a pas de vestiges spécifiques de chaque pays. Il faut comprendre : on n’est pas dans l’Atlantique où la population africaine arrivait de façon directe.
On était amené, on va dire, de façon indirecte, il fallait faire un tour très long et fatigant pour arriver au Pacifique, jusqu’au Pérou. Et après, dans notre pays, la population d'origine, c’était la population indigène de la côte, de la montagne, de l’Amazonie, de la culture andine, etc.
Donc, les Espagnols ont aussi créé cette stratégie, bien évidemment, pour, premièrement, confronter ces groupes humains afin qu’ils ne soient pas intégrés entre eux, la population indigène et la population africaine. Mais aussi, ils essayaient de ne pas regrouper un seul groupe d’une seule population, d’une seule culture, comme c’est le cas à Cuba, au Brésil et dans toute la région atlantique, où c’était un voyage direct et tous les Yoruba étaient ensemble, par exemple.

Exposition Pérou Noir
Little Africa Village
6bis rue des Gardes, Paris 18e
Du mardi au samedi de 11h à 19h
Entrée libre
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