Un consultant belgo-portugais travaillant pour l’ONG américaine Family Health International 360 a été condamné mardi à dix ans de travaux forcés par la Cour criminelle de Bangui. Joseph Martin Figueira, arrêté en mai 2024, était poursuivi pour ses contacts répétés avec des groupes armés opérant dans le Haut-Mbomou, une région du sud-est de la Centrafrique en proie à des affrontements.
Le tribunal l’a reconnu coupable de complicité d’association de malfaiteurs et d’atteinte à la sécurité intérieure de l’État, écartant néanmoins les chefs plus graves de complot et espionnage initialement retenus par le parquet.
A court in the Central African Republic has sentenced Joseph Martin Figueira, a Belgian-Portuguese consultant for the US-based NGO Family Health International 360, to 10 years of forced labour for “undermining state security.” Figueira was arrested in May 2024 over alleged… pic.twitter.com/F7hnpGaAtP
— Radar Africa (@radarafricacom) November 4, 2025
Un procès contesté par la défense
« Je ne m’attendais pas à un tel verdict. Je vais me pourvoir en cassation », a déclaré M. Figueira à l’AFP à l’issue de l’audience, réaffirmant son innocence. Son avocat, Me Nicolas Tiangaye, a dénoncé un procès inéquitable, affirmant que son client avait été torturé durant sa détention.
L’État centrafricain, qui s’est constitué partie civile, a obtenu 50 millions de francs CFA (environ 75 000 euros) de dommages et intérêts, au motif que l’accusé aurait fourni « des moyens financiers, logistiques voire politiques » à des groupes rebelles, selon l’un des avocats de la partie civile.
Des échanges avec un chef rebelle et la CPI
Au procès, le procureur général Jean Vidal Damas a présenté plus d’une heure d’enregistrements entre Joseph Martin Figueira et des responsables de l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC), un groupe armé dirigé par Ali Darassa. Ces conversations incluaient également des échanges avec Nicolas Herrera, représentant de la Cour pénale internationale (CPI), au sujet d’une possible coopération de l’UPC pour capturer le chef rebelle ougandais Joseph Kony, recherché depuis des années. « Le seul fait de donner des ordres à un groupe armé non conventionnel peut être assimilé à de la complicité, à de l’association de malfaiteurs », a souligné le procureur.
Un pays toujours en proie à l’instabilité
La Centrafrique reste profondément marquée par des années de guerre civile. Malgré la signature en avril d’accords de paix avec l’UPC et le groupe 3R (Retour, Réclamation et Réhabilitation), la situation sécuritaire demeure fragile. Le processus de désarmement de ces mouvements, amorcé en août, progresse lentement, tandis que l’armée centrafricaine reste appuyée par les mercenaires russes du groupe Wagner, ou de son successeur Africa Corps. Aux frontières orientales, les violences se multiplient avec les deux Soudan, plongeant de nouveau le pays dans une instabilité chronique.
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