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Ethiopie: "forte augmentation" de la faim au Tigré, selon l'ONU

Le nombre de personnes souffrant de malnutrition sévère au Tigré, région dévastée par la guerre du nord de l'Ethiopie, a fortement augmenté et la situation devrait empirer, selon l'ONU.

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4 juillet 2023 à 19h51 par AFP

Dans un rapport diffusé lundi, OCHA, l'agence humanitaire de l'ONU, estime que quelque 8,8 millions de personnes ont besoin d'aide alimentaire dans le nord de l'Ethiopie, sans compter les millions d'autres affectées par la sécheresse dans le sud et le sud-est. Un accord signé en novembre 2022 entre le gouvernement et les rebelles tigréens a mis fin à deux ans de conflit, permettant à l'aide d'arriver lentement, mais la région a signalé "une forte augmentation des cas" de patients souffrant de complications dues à la sous-nutrition. En avril 2023, par rapport à avril 2022, "les admissions pour malnutrition sévère au Tigré ont augmenté de 196%", selon le rapport, qui pointe que ces chiffres peuvent être "partiellement attribuables à un meilleur accès aux installations sanitaires". Dans tout le pays, OCHA note une hausse de 15% des "admissions pour malnutrition aiguë" entre janvier et avril par rapport à la même période en 2022. Au Tigré, l'agence de l'ONU craint en outre "une dégradation de l'insécurité alimentaire parmi les groupes vulnérables de la population, après la suspension des distributions de nourriture à cause de signalements d'importants détournements de l'aide alimentaire humanitaire". Le Programme alimentaire mondiale (PAM) des Nations unies et USAID, l'agence américaine de développement, ont suspendu en juin leur aide alimentaire au deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, estimant qu'une large part de la nourriture était détournée. La "pause temporaire de l'aide alimentaire au Tigré" impacte "négativement des taux de malnutrition déjà élevés", déplore OCHA. Les quelque six millions de Tigréens subissent des pénuries alimentaires depuis plus de deux ans. Le mois dernier, des habitants ont raconté à l'AFP leurs difficultés à nourrir leurs familles, ne mangeant parfois qu'un repas en 24, voire 48 heures. Durant la guerre, des enquêteurs de l'ONU ont accusé le gouvernement éthiopien de délibérément affamer les civils en imposant un blocus à la région. Les ONG humanitaires évoquaient alors des conditions de famine. Le gouvernement éthiopien a nié, accusant les autorités rebelles du Tigré de réquisitionner l'aide alimentaire pour leur effort de guerre. Une pause temporaire dans les combats, entre mars et août 2022, a permis à certaines marchandises d'arriver dans la région dévastée avant de nouvelles violences. Les armes se sont finalement tues en novembre. Quelque 20 millions de personnes en Ethiopie dépendent de l'aide alimentaire, selon OCHA.