Il y a onze ans, deux femmes – Sheryl Sandberg, directrice des opérations de Facebook, et Anna Maria Chávez, à la tête des Girls Scouts of America, une association à but non lucratif dédiée aux femmes – lançaient la campagne #BanBossy (« Bannissons le terme autoritaire »), souvent utilisé pour parler des femmes ayant des postes à hautes responsabilités. Comme elles, Kelly Massol ne se revendique pas comme une femme bossy, mais comme une boss, et elle invite chacune à se considérer comme tel.
Dans son livre autobiographique Boss Energy, la puissance de croire en soi, la fondatrice de la marque de soins capillaires "Les Secrets de Loly" retrace son parcours. Son histoire est celle d’une jeune fille qui se voit comme le mouton noir de sa famille, et qui grandit dans la pauvreté. Elle est le fruit d’une relation tumultueuse entre un dealer de drogue et une jeune femme qui ne s’était jamais vue devenir mère, et qui répète à sa fille qu’elle n’a jamais été désirée.
Kelly est d’abord élevée par sa grand-mère maternelle, sa “boussole au milieu du chaos”, dans une chambre de 15 m², dans le quartier de Pigalle, dans le IXe arrondissement de Paris. Ensuite, elle est élevée par sa mère, une période marquée par la violence verbale et physique. Elle décide alors d’être placée en famille d’accueil.
Kelly Massol se rend justice
Voulant devenir avocate, Kelly Massol entame des études de droit, qu’elle abandonne pour enchaîner les petits boulots. C’est en parallèle de son travail de téléconseillère à la sécurité sociale qu’elle concocte dans sa cuisine les recettes qui composeront la gamme de sa marque Les Secrets de Loly, qu’elle fonde à l’âge de 25 ans.
Dans la deuxième partie du livre, elle raconte les débuts du mouvement nappy en France, porté par des femmes afro-caribéennes qui prônaient le retour au naturel, à une époque où le lissage et le défrisage des cheveux bouclés, frisés et crépus faisaient fureur.
Mouvement né sur les blogs, ces espaces d’échange et d’entraide, permettent à la jeune femme de militer activement, en manifestant avec d’autres devant des magasins vendant des produits dits “ethniques” et nocifs, mais aussi de se constituer sa première clientèle.
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Aux États-Unis, l’histoire de Kelly Massol rappelle celle de nombreux artistes et entrepreneurs afro-américains comme Lisa Price, fondatrice, elle aussi, d’une marque de soins capillaires (Carol’s Daughter), ou Oprah Winfrey.
Mais en France, où certaines femmes afro-caribéennes brillent dans l’ombre, la fondatrice des Secrets de Loly, elle, est désormais visible dans les magazines, les émissions télé, comme "Qui veut être mon associé ?". Elle détonne dans ce que l’on a l’habitude de voir, elle en est consciente et a décidé d’en faire un avantage.
L’un des faits d’armes dont elle est le plus fière : une grande affiche sur la devanture d’un centre commercial du XVe arrondissement, la représentant avec ses cheveux et un des produits de sa gamme. Un acte militant pour la cheffe d’entreprise, qui compte bien continuer d’occuper l’espace.
Boss Energy, la puissance de croire en soi, de Kelly Massol, 186 p., 19,90 euros, Éditions du Rocher
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