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Ethiopie: levée des poursuites criminelles contre les dirigeants du Tigré

Le ministère éthiopien de la Justice a annoncé jeudi l'arrêt des poursuites judiciaires visant les dirigeants des autorités rebelles du Tigré depuis le début du conflit dans cette région du nord de l'Ethiopie, auquel a mis fin un récent accord de paix.

AFRICA RADIO

30 mars 2023 à 17h51 par AFP

"Dans le cadre de l'accord de paix" signé le 2 novembre à Pretoria, il a été convenu que "les crimes commis durant le conflit devaient être pris en charge dans le cadre de la Justice transitionnelle", explique le ministère dans un communiqué. "Il a donc été jugé nécessaire de lever les accusations criminelles contre les dirigeants civils et militaires du TPLF", le Front de libération du peuple du Tigré, parti qui dirigeait la région jusqu'au conflit, "et de laisser leurs dossiers être gérés par le mécanisme de Justice transitionnelle" que les autorités éthiopiennes ont promis de mettre sur pied. Les poursuites criminelles "ont donc été levées", conclut le ministère, sans autre détail sur les personnes concernées ou les charges en question. Le 12 novembre 2020, les médias officiels éthiopiens avaient annoncé que des mandats d'arrêt pour trahison avaient été émis contre 64 dirigeants du TPLF, dont le président régional du Tigré et président du TPLF, Debretsion Gebremichael, et contre 32 officiers supérieurs de l'armée et de la police. Parmi les hauts dirigeants du TPLF visés figurait également Getachew Reda qui a été nommé le 23 mars chef de l'administration par intérim du Tigré, prévue par l'accord de paix. La veille, les députés éthiopiens avaient retiré le TPLF de la liste des entités terroristes sur laquelle le parti avait été placé le 6 mai 2021. Longtemps tout-puissant, le TPLF a gouverné de fait l'Ethiopie durant trois décennies avant d'être progressivement marginalisé à l'arrivée du Premier ministre Abiy Ahmed en 2018, à la faveur de plusieurs mois de contestation populaire. M. Abiy a envoyé le 4 novembre 2020 l'armée fédérale au Tigré pour en déloger les autorités régionales qui contestaient son pouvoir depuis plusieurs mois et qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires sur place. Le conflit brutal au Tigré a été le théâtre de terribles exactions et de crimes de guerre de la part des deux camps, selon Washington. Le bilan est difficile à établir, mais les Etats-Unis estiment que ces deux ans de conflit ont fait environ 500.000 morts, soit plus que l'invasion russe de l'Ukraine.