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Guinée: un collectif réclame que Condé soit jugé après son retour

Une coalition guinéenne ayant combattu pendant des mois l'ancien président Alpha Condé a pressé samedi la junte désormais au pouvoir d'ouvrir immédiatement le procès de l'ex-chef d'Etat après son retour de l'étranger.

AFRICA RADIO

9 avril 2022 à 19h36 par AFP

Alpha Condé, 84 ans, renversé le 5 septembre 2021 par le colonel Mamady Doumbouya et ses hommes, est rentré vendredi après trois mois passés aux Emirats arabes unis avec l'accord de la junte pour y être soigné. Un document des Affaires étrangères guinéennes consulté par l'AFP indique que ce sont les autorités de Conakry qui ont demandé son retour parce que ses agissements représentaient selon elles une "menace". Les autorités guinéennes ont publié sur les réseaux sociaux des photos de M. Condé le montrant selon elles à sa descente d'avion à son arrivée à Conakry. Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) a publié samedi un communiqué pour demander à la justice de "tout mettre en oeuvre pour ouvrir, sans délai, le procès des crimes de sang" commis selon lui par "Alpha Condé et ses sbires". Ce collectif a orchestré des mois de mobilisation en 2019-2020 contre un troisième mandat de M. Condé. La contestation, plusieurs fois brutalement réprimée, a fait des dizaines de morts civils sans empêcher une nouvelle investiture de M. Condé en décembre 2020. M. Condé avait quitté le pays à la mi-janvier pour des soins. La junte passe pour avoir rechigné à le laisser partir à l'étranger, redoutant des menées de sa part contre le nouveau pouvoir. La diffusion en mars d'un enregistrement attribué à l'ancien chef de l'Etat depuis les Emirats avait fait des vagues. Les propos enregistrés disaient la nécessité pour le parti de M. Condé de se mettre en ordre de bataille en prévision d'une grave détérioration de la situation en Guinée, en particulier à cause de la hausse des prix. La paternité de ces propos n'a pas été contestée. Le médecin personnel d'Alpha Condé et son chef de la diplomatie ont été mis en cause pour les avoir enregistrés et fait circuler à l'insu de M. Condé. Un document diplomatique daté du 23 mars et adressé à l'ambassade des Emirats à Conakry dit que les récents agissements de M. Condé constituent "une menace pour la paix et la stabilité" en Guinée et violent les termes d'un engagement de la Communauté des Etats ouest-africains (Cédéao) se portant garante de l'ex-président. La lettre demande donc que M. Condé "soit rendu à la partie guinéenne dans les meilleurs délais". Le parti de M. Condé, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), a indiqué dans un communiqué qu'il continuerait "à oeuvrer pour la libération totale" de M. Condé et introduirait dans les prochains jours une demande de visite. Les anciens ministres de M. Condé, membres ou proches du RPG, sont visés par des enquêtes pour des malversations financières présumées. Ibrahima Kassory Fofana, dernier Premier ministre de M. Condé, et trois ex-ministres ont été écroués le 6 avril.