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"Il n'y a pas de coronavirus!".A Kinshasa en République démocratique du Congo, la lutte contre la propagation de la maladie Covid-19 se heurte au déni de l'épidémie, qui commence à prendre des formes violentes sur fond de forte poussée des nouveaux cas.

"Le coronavirus est une r&eacute;alit&eacute;, prot&eacute;gez-vous et prot&eacute;gez les autres!", r&eacute;p&egrave;te au m&eacute;gaphone une volontaire de l'ONG catholique Caritas, Mamie Batata, en campagne de "sensibilisation" dans un quartier populaire de la capitale congolaise.
"D&eacute;gagez, fichez nous la paix!la maladie n'existe pas", lui r&eacute;pondent des habitants de Kimbanseke.
C'est dans cette m&ecirc;me commune de Kimbanseke que le Comit&eacute; officiel en charge de la lutte contre le Covid-19 a annonc&eacute; le 20 mai la s&eacute;questration de trois de ses agents.Une autre &eacute;quipe "a &eacute;t&eacute; menac&eacute;e au couteau".
"On compte des s&eacute;questrations, des violences verbales, physiques et m&ecirc;me des menaces de mort", a ajout&eacute; le Comit&eacute; en d&eacute;but de semaine.
En Conseil des ministres vendredi, le ministre de la Sant&eacute; Eteni Longondo "a d&eacute;plor&eacute; la multiplication des incidents contre les &eacute;quipes de la riposte" &agrave; l'&eacute;pid&eacute;mie.
Comme Caritas, les mouvements citoyens Lucha et Filimbi partent en caravane avec des messages de pr&eacute;vention et des masques &agrave; distribuer &agrave; travers la plus grande m&eacute;gapole d'Afrique francophone (dix millions d'habitants, estimation a minima).
Place de la Victoire, dans le centre de la capitale, ou dans la commune p&eacute;riph&eacute;rique de Selembao, des dizaines d'habitants les accueillent en faisant "non" de l'index et en hurlant "Corona eza te!" (il n'y a pas de corona, en lingala).
"Ici chez nous au Congo, il n'y a que la malaria et la simple fi&egrave;vre.Le corona, c'est en Europe, en Chine", affirme l'un d'entre eux, Hussein, &agrave; l'AFP."Nous avons des anticorps, depuis nos anc&ecirc;tres".
"Ce n'est pas vrai", lance-t-il quand on lui sort les stastiques officielles (2.966 cas, dont 2.680 &agrave; Kinshasa, pour 69 d&eacute;c&egrave;s, avec une moyenne de plus de 100 nouveaux cas par jour, en tr&egrave;s nette pouss&eacute;e)."Une maladie comme le coronavirus, il faut qu'il y ait des preuves et des images".
"J'apprends que la maladie existe mais je n'ai vu personne dans mon entourage ou dans le quartier mourir de &ccedil;a", rench&eacute;rit Alphonse Mbelesadidi, un p&egrave;re de famille de 43 ans.

- "On veut nous tuer &agrave; petit feu -

S'ils rejettent les messages de pr&eacute;vention, les Kinois se ruent sur la distribution des masques, dont le port est obligatoire.
"Je vais le porter juste pour ne pas payer l'amende de la police", dit Marie-Louise Mamisa, vendeuse de pains dans les quartiers populaires pr&egrave;s de l'a&eacute;roport de Ndjili.&nbsp;
Une amende de 5.000 francs congolais (2,63 dollars au cours actuel) est th&eacute;oriquement pr&eacute;vue pour celles et ceux qui ne portent pas de masques ou de visi&egrave;re de protection (et ils sont nombreux).
Ce genre de mesures agace au plus haut point des hommes et des femmes affaiblis par l'&eacute;tat d'urgence sanitaire en place depuis le 20 mars.
"On a ferm&eacute; les &eacute;coles, les &eacute;glises, les march&eacute;s.On veut nous tuer &agrave; petit feu.Dites au pr&eacute;sident de lever sa mesure, on n'en veut pas, on veut juste vivre", intervient une femme &agrave; Kimbanseke, vivement applaudie par la foule qui s'est rapidement form&eacute;e autour d'elle.
Les restrictions ont "accentu&eacute; notre mis&egrave;re, avec une augmentation du banditisme.L&rsquo;&eacute;tat d'urgence doit &ecirc;tre lev&eacute;, on en a marre", se r&eacute;volte Pascal Aziza, un taxi-moto d'une trentaine d'ann&eacute;es.
"Les r&eacute;ticences peuvent &ecirc;tre compr&eacute;hensibles", analyse Mino Bomponi, du mouvement citoyen Filimbi.
"Il y a eu beaucoup d'ambigu&iuml;t&eacute; dans la communication des autorit&eacute;s", d&eacute;taille-t-il.Exemple, selon lui: le ministre de la Sant&eacute; a cafouill&eacute; sur la nationalit&eacute; du premier cas en RDC le 10 mars, en annon&ccedil;ant qu'il s'agissait d'un Belge alors que c'&eacute;tait un Congolais vivant en France.
Depuis, la population soup&ccedil;onne les autorit&eacute;s de profiter du coronavirus pour "se faire des sous" aupr&egrave;s de leur "partenaires ext&eacute;rieurs": "Or la maladie est parmi nous, elle fait des morts , elle continue de se propager.Le&nbsp;d&eacute;fi est effectivement de pouvoir&nbsp;&eacute;radiquer&nbsp;le doute qui est en train&nbsp;de grandir au sein de notre population".
Coronavirus, Ebola, m&ecirc;me combat?Dans l'Est de la RDC, &agrave; 2.000 km de Kinshasa, la lutte contre l'&eacute;pid&eacute;mie de fi&egrave;vre h&eacute;morragique Ebola a &eacute;galement &eacute;t&eacute; perturb&eacute;e par des r&eacute;sistances aux messages et aux pratiques de pr&eacute;vention et par des violences envers les &eacute;quipes m&eacute;dicales.
Un m&eacute;decin de l'OMS (Organisation mondiale de la Sant&eacute; de l'ONU) a &eacute;t&eacute; abattu froidement et plusieurs centres de traitement ont &eacute;t&eacute; attaqu&eacute;s.Cette autre &eacute;pid&eacute;mie a tu&eacute; 2.280 personnes depuis ao&ucirc;t 2018.Les autorit&eacute;s esp&egrave;rent en d&eacute;clarer officiellement la fin le 25 juin.

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