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Zimbabwe: deux avocats des droits de l'Homme arrêtés pour entrave

Deux avocats zimbabwéens des droits de l'Homme ont comparu mardi pour s'être opposés à ce que leurs clients, deux militants de l'opposition "enlevés et torturés", soient interrogés par la police, a-t-on appris de sources concordantes.

AFRICA RADIO

5 septembre 2023 à 14h36 par AFP

La veille, Doug Coltart et Tapiwa Muchineripi se trouvaient au chevet de leurs clients en sale état à l'hôpital et ont empêché leur interrogatoire, arguant que leur état de santé ne le permettait pas. Arrêtés, ils ont passé la nuit au poste et sont accusés d'entrave à la justice. Ils ont été relâchés en début d'après-midi contre une caution de cent dollars. Une nouvelle audience à été fixée au 20 octobre. "Leur arrestation est illégale", a plaidé leur avocat Alec Muchadehama, au lendemain de l'investiture du président Emmerson Mnangagwa, réélu le mois dernier lors d'un scrutin contesté par l'opposition et jugé entaché de nombreuses irrégularités par les observateurs internationaux. "Ils ont eu un échange cordial avec les policiers au cours duquel les accusés les ont informés que les patients étaient indisposés (...) les policiers sont tombés d'accord et indiqué qu'ils reviendraient un autre jour", a-t-il raconté à l'audience. Un peu plus tard, un chef policier s'est rendu à l'hôpital de Harare pour faire "le même constat avant de soudainement dramatiser et accuser les avocats d'entrave", a-t-il poursuivi. Selon le principal parti d'opposition, la Coalition des citoyens pour le changement (CCC), leurs deux militants, dont un conseiller municipal récemment élu, ont été "enlevés, torturés et drogués pas des agents présumés de l'Etat samedi". Les deux hommes auraient été tirés de leur voiture par des inconnus armés, emmenés à deux heures de route, menottés, frappés à coup de matraque et de Taser, reçu une injection "d'une substance inconnue" avant d'être jetés nus près d'une rivière, a affirmé l'organisation Zimbabwe Lawyers for Human Rights (ZLHR). "Nous condamnons l'arrestation de (leurs) avocats", a déclaré à l'AFP Promise Mkhwanazi, porte-parole du CCC. Les juristes étaient simplement "en service auprès de clients torturés". "Nous condamnons fermement les mauvais traitements infligés à des citoyens innocents et à des avocats par le régime de Harare", a par ailleurs affirmé le CCC dans un communiqué. Dans ce pays enclavé d'Afrique australe, les groupes de défense des droits et l'opposition se plaignent depuis des mois d'une répression accrue de la part du gouvernement et du parti au pouvoir depuis l'indépendance en 1980 à l'égard de toute dissidence.