Le président kényan William Ruto a fermement mis en garde ceux qui voudraient "renverser" le gouvernement et prévenu que les forces de l'ordre tireraient pour blesser tout pillard, deux jours après de nouvelles manifestations antigouvernementales à travers le pays, lors desquelles 31 personnes ont été tuées.
"Ils veulent semer le chaos, organiser des manifestations, brûler des biens, provoquer le désastre afin de renverser le gouvernement avant 2027", année de la prochaine présidentielle, a lancé M. Ruto lors d'un déplacement dans la capitale Nairobi. "Nous sommes dans un pays démocratique".
President William Ruto, "Those planning chaos to overthrow the government will soon realize they have no idea what they're doing." pic.twitter.com/swcKzbaNat
— The Standard Digital (@StandardKenya) July 9, 2025
Vous ne pouvez pas nous dire que vous voulez semer le chaos et renverser le gouvernement", a-t-il ajouté. "Ce pays ne sera pas détruit par quelques personnes impatientes qui souhaitent un changement de gouvernement par des moyens anticonstitutionnels. Et je tiens à leur dire que cela n'arrivera pas", a-t-il également averti. Le chef de l'Etat a également affirmé que "quiconque met le feu aux commerces et aux biens de quelqu'un doit recevoir une balle dans la jambe, être conduit à l'hôpital et traduit en justice. Il ne faut pas le tuer, mais lui casser la jambe pour pouvoir ensuite aller à l'hôpital et comparaître devant le tribunal".
L’ONU et des ONG dénoncent un usage excessif de la force
Lundi 7 juillet, pour la journée de commémoration de Saba saba ("Sept, sept" en swahili, en référence au soulèvement pro-démocratie du 7 juillet 1990), la police déployée en grand nombre avait coupé les principales voies d'accès à Nairobi, dont les rues étaient vides. Des affrontements entre la police et les manifestants ont éclaté en périphérie de la ville.
Ces violences à travers le pays ont fait au moins 31 morts, 107 blessés, 2 disparitions forcées et engendré 532 arrestations, selon la Commission nationale des droits humains (KNCHR), institution publique indépendante. Les organisations de défense des droits humains et l'ONU ont critiqué les violences des forces de l'ordre durant les manifestations.
L'ONU a déclaré mardi 8 juillet être "très perturbée" après l'annonce des morts durant les manifestations de lundi. "Selon le droit international relatif aux droits humains, les forces de l'ordre ne doivent recourir à la force létale, y compris les armes à feu, que lorsque cela est strictement nécessaire pour protéger des vies contre une menace imminente", a déclaré une porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l'homme, Ravina Shamdasani.
La tension semble avoir monté d'un cran, alors que plusieurs figures de l'opposition, dont l'ancien vice-président de William Ruto, Rigathi Gachagua, ont appelé mardi au boycott de "toutes les entreprises, tous les services et toutes les institutions détenus, exploités ou publiquement liés à ce régime" qualifié d'"hostile".
"Nous ne reculerons pas, nous ne capitulerons pas", ont-elles affirmé lors d'une conférence de presse mercredi. M. Gachagua a affirmé que les violences de lundi étaient l'œuvre de "milices sponsorisées" par l'État.
Élu en 2022 après avoir mené campagne en faveur des plus démunis, le président William Ruto fait face depuis 2024 à un vaste mouvement de protestation contre sa politique économique.
Une contestation née du rejet des politiques fiscales de Ruto
Le 25 juin 2024, au plus fort de la contestation contre un projet de loi de finances qui prévoyait de nombreuses nouvelles taxes, des manifestants ont brièvement envahi le Parlement, entraînant une riposte de la police par des tirs à balles réelles.
Plus de 60 personnes avaient été tuées l'année dernière, et plus de 80 personnes avaient été enlevées, parfois des mois après les manifestations, dont certaines sont encore portées disparues, selon les groupes de défense des droits humains.
Fin juin, après des rassemblements dans plusieurs villes pour rendre hommage aux victimes des manifestations organisées l'an dernier, le gouvernement kényan avait affirmé avoir "déjoué un coup d'État" et dénoncé "du terrorisme déguisé en contestation".
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