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Blocus, violences, pénuries : le Mali au bord de la rupture

Actus. Le blocus imposé par les jihadistes sur le carburant, les attaques meurtrières et l’effondrement des services essentiels plongent le Mali dans une crise d’une ampleur inédite, aux effets déjà régionaux.

Blocus, violences, pénuries : le Mali au bord de la rupture
Pour les jihadistes, ce blocus est une réponse directe à l’interdiction de vendre du carburant en dehors des stations-service du Mali - Illustration - Flickr

Depuis septembre dernier, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim), lié à Al-Qaïda, a verrouillé les routes essentielles de l’approvisionnement en carburant. Les axes venant de Côte d’Ivoire et du Sénégal, vitaux pour l’économie malienne, sont devenus des zones de chasse. Camions incendiés, chauffeurs tués, convois interceptés : le pays tourne au ralenti, Bamako comprise.

Pour les jihadistes, ce blocus est une réponse directe à l’interdiction de vendre du carburant en dehors des stations-service. Une mesure gouvernementale censée réduire leurs capacités logistiques, mais qui frappe désormais l’ensemble de la population.

La junte en difficulté sur le terrain

Dans le centre du pays, quatorze civils ont encore été tués ces derniers jours. Malgré les escortes et les opérations ponctuelles, les forces maliennes peinent à sécuriser les axes et à protéger les localités isolées.

Depuis les ruptures avec les partenaires occidentaux et le départ de la force Barkhane en 2022, l’armée, appuyée par des paramilitaires russes, tente de contenir les offensives. Mais plusieurs experts assurent que l’État a perdu le contrôle de larges portions du territoire et concentre désormais son dispositif autour de Bamako.

Écoles fermées, récoltes compromises, coupures à répétition

La pénurie de carburant a déclenché une crise en cascade. Les écoles ferment, les récoltes agricoles sont mises en péril, et les coupures d’électricité s’aggravent, alors que le pays dépend principalement des centrales thermiques.
Lundi, lors d’un déplacement dans le sud du pays, le président Assimi Goïta a appelé les Maliens à réduire leurs déplacements, promettant de « tout faire » pour rétablir les circuits d’approvisionnement. Un message qui peine à rassurer, alors que les difficultés explosent.

Un risque de déstabilisation régionale

Le Jnim, considéré par l’ONU comme la menace la plus importante au Sahel, étend son influence en s’appuyant sur des accords locaux et une stratégie politico-militaire visant à concurrencer les États sahéliens. Pour plusieurs analystes, l’objectif du blocus est clair : affaiblir directement le régime en s’attaquant au pouvoir d’achat et à la vie quotidienne des Maliens.

Un effondrement de l’État malien aurait des répercussions majeures sur la région. Burkina Faso et Niger, également dirigés par des juntes confrontées à des attaques jihadistes, seraient en première ligne. Les observateurs redoutent une contagion de l’instabilité dans toute l’Afrique de l’Ouest.

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