Les eaux paisibles du Bénin sont en passe de changer d'allure.Vedettes montées d'armes automatiques, patrouilleurs croisant jour et nuit, officiers venus en renfort du Nigeria voisin: la traque des pirates a commencé.
Face à une explosion récente des attaques au large de ses côtes, le pays ouest-africain, craignant les retombées sur son économie largement dépendante d'activités portuaires, veut sécuriser ses eaux et rassurer la communauté internationale inquiète pour le transport maritime.
Vingt actes de piraterie ont été recensés depuis le début de l'année, aucun ne l'avait été en 2010, selon le Bureau maritime international (BMI).Dernier incident en date le 2 octobre, quand des hommes armés ont abordé un chimiquier.
Quelques semaines plus tôt, un tanker était détourné avec ses 23 membres d'équipage.
Une situation "très préoccupante" selon Michael Howlett, directeur adjoint du BMI.Il estime qu'un renforcement de la sécurité maritime au Nigeria a pu "déplacer temporairement le problème au Bénin".
Les côtes du Nigeria, premier producteur de pétrole d'Afrique, grouillent de navires chargés d'or noir et sont réputées pour les attaques en mer.
Le Bénin tire plus de 60% de son PIB des activités du port de Cotonou qui dessert le Mali, le Niger et le Burkina Faso, enclavés.
"A cette allure, si rien n'est fait, les propriétaires des navires vont boycotter le port", s'inquiète sous couvert d'anonymat une source à la présidence.
Se voulant rassurant, le ministre de la Réforme maritime Jean-Michel Abimbola a toutefois promis que "le Bénin ne deviendra jamais la Somalie".
A la différence des pirates des côtes orientales d'Afrique, qui prennent en otage des équipages pour des rançons, ceux du Golfe de Guinée s'intéressent davantage aux cargaisons - souvent de pétrole - qu'ils écoulent sur un marché noir régional très lucratif.
En réponse, l'ex-colonie française d'environ 9 millions d'habitants et son voisin géant le Nigeria (150 millions) ont inauguré fin septembre un programme de patrouilles conjointes.
Une initiative commune "bienvenue", selon M. Howlett."Exactement le type de réaction qu'il faut".
Car au-delà des autorités béninoises, le phénomène préoccupe de nombreux acteurs internationaux.
En témoigne la visite le 7 octobre de Saïd Djinnit, représentant en Afrique de l'Ouest du secrétaire général des Nations unies, venu assurer M. Yayi "de l'entière disponibilité" de l'ONU "pour assister le Bénin" face à la piraterie.
Soucieux de renforcer les capacités inadéquates du pays, les marines française et américaine ont entraîné en août des officiers béninois et la France a mis à disposition deux capitaines de frégate.
"La France accompagne le Bénin dans cette lutte car le phénomène de piraterie est une préoccupation internationale", a expliqué à l'AFP l'ambassadeur français au Bénin, Jean-Paul Monchau.
C'est un groupe français, Bolloré, qui a obtenu en 2009 la concession du terminal à conteneurs du port de Cotonou.
La Chine a elle fait don en septembre d'environ 4 millions d'euros au Bénin, pour l'achat d'un patrouilleur.
Le président Yayi, "déterminé" à repousser les pirates selon la source anonyme à la présidence, a multiplié les démarches pour obtenir des soutiens.Après une visite à son homologue nigérian Goodluck Jonathan, il doit rencontrer le dirigeant Français Nicolas Sarkozy, fin octobre à Paris.
Le Bénin construit actuellement un centre de surveillance radar à Grand-Popo (sud-ouest), équipé par la France.Avec celui de Cotonou, les 125 km de côtes seront alors couverts, selon le chef d'état major des forces navales, Maxime Ahoyo.
Le pays a en outre commandé deux avions de surveillance maritime, selon le capitaine Ahoyo, et encore trois navires patrouilleurs.
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