Présidentielle en RDC: l'attente se poursuit, climat de tension à Kinshasa

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KINSHASA (AFP) - (AFP)

La République démocratique du Congo attend toujours le nom du vainqueur de la  présidentielle du mois dernier, qui doit être annoncé avec retard mercredi ou jeudi au plus tard, dans un climat de tension notamment à Kinshasa où la police disperse tout regroupement d'opposants.

La Commission électorale (Céni) devait donner le 6 décembre le résultat complet provisoire de l'élection à un tour du 28 novembre, mais un quart d'heure avant l'heure fatidique, son président, le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, a annoncé ce report qu'il a justifié par le fait qu'il manquait encore des résultats.

Selon les derniers résultats partiels livrés à la place mardi soir pour les 11 participants, Joseph Kabila creusait l'écart sur son principal rival, Etienne Tshisekedi.

Sur un peu plus de 89% des bureaux de vote, Kabila, 40 ans, élu en 2006, est crédité de 49% des suffrages et devance d'environ 2,6 millions de voix le vieil opposant de 78 ans (33,3%), qui rejette ces chiffres depuis le début du décompte.Aucun taux de participation n'est donné.

La façon dont les résultats sont annoncés est de plus en plus critiquée.Le pasteur Mulunda les donne par province pour chaque candidat, lors d'une conférence de presse retransmise à la télévision d'Etat (RTNC).Aucun document écrit n'est ni publié ni affiché.

La France a estimé mardi qu'une publication "par bureau de vote" serait "de nature à renforcer la transparence du processus électoral et à apaiser les esprits", a jugé à Paris Romain Nadal, porte-parole adjoint du Quai d'Orsay.

Le parti d'Etienne Tshisekedi, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), a aussi réitéré sa demande d'une publication par bureau "et pas comme on est en train de le faire avec énormément d'irresponsabilité", a déclaré Jacquemin Shabani, le secrétaire général de l'UDPS.

"Le peuple congolais s'est clairement exprimé pour l'alternance telle que confirmée par les résultats affichés dans tous les bureaux de vote", a-t-il dit.

"Aucun coup de force, aucune tentative de hold up électoral ne pourra tenir", a-t-il affirmé.

Officiellement, le nom du vainqueur sera proclamé le 17 décembre par la Cour suprême de justice (CSJ).

Dans ce climat d'attente, la capitale Kinshasa vit toujours au ralenti et dans la crainte de violences.

Depuis lundi la police disperse systématiquement toutes les manifestations des partisans de l'opposition dans plusieurs quartiers de la ville.

Mardi matin à Pompage, dans l'ouest de la capitale, des heurts ont opposé policiers et jeunes de l'UDPS, dont une dizaine ont été arrêtés.

Jets de pierre contre gaz lacrymogène, tirs en l'air, descente de police, ratissage, les habitants se retrouvent souvent victimes, se retranchent chez eux ou ferment leur commerce.Ils accusent les jeunes de "pillages" ou des policiers de les voler.

"Ces militants sont des bandits, ils vont faire tuer les gens!" s'énerve une femme enceinte en regardant passer des véhicules de la police dans le quartier Pompage.

Une vieille dame accuse quant à elle des policiers d'avoir fait irruption chez elle à la recherche de militants.

"Je leur ai dit qu'il n'y avait personne mais ils ont cassé ma porte.Ils n'ont trouvé personne mais m'ont pris 20.000 francs congolais", environ 20 dollars, dit-elle, le regard résigné mais sans colère.

La police est aussi très présente aux abords du siège de l'UDPS, à Limete, et disperse tout rassemblement au gaz lacrymogène.

Intervention des forces de l'ordre encore à Kintambo où des manifestants ont voulu incendier l'église où officie habituellement le pasteur Mulunda.

Il est très probable que le président Kabila va être proclamé vainqueur, et les leaders de l'opposition vont immédiatement rejeter ce résultat.

"Après on verra", estime toutefois Thierry Vircoulon, directeur Afrique central de l'ONG International Crisis Group (ICG), qui redoute une "réponse très forte" des forces de l'ordre en cas de protestations violentes.

Human Rights Watch (HRW) avait déjà fait état de 18 civils tués, dont 14 à Kinshasa, entre le 26 (dernier jour de campagne) et le 28 novembre (jour du vote), mettant en cause la Garde républicaine (GR, ex-garde présidentielle).

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