Un tir de roquette près d'un rassemblement électoral, qui a fait trois morts, a brusquement fait monter la tension en Côte d'Ivoire juste avant les élections législatives de dimanche, boycottées par le parti de l'ex-président Laurent Gbagbo.
Il s'agit du premier incident grave rapporté depuis le début le 3 décembre de la campagne pour un scrutin censé définitivement sortir le pays de la grave crise post-électorale née de l'élection présidentielle contestée de novembre 2010 et ayant fait quelque 3.000 morts.
Trois personnes - une femme et deux adolescents - ont été tuées mercredi à la mi-journée à Grand-Lahou (sud) par un tir de roquette à proximité d'une place où se préparait un rassemblement du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), membre de l'alliance soutenant le président Alassane Ouattara.
Une enquête est en cours pour déterminer les circonstances de cette attaque.
La situation était calme jeudi dans cette ville côtière située à une centaine de kilomètres à l'ouest d'Abidjan, selon des sources locales.Le ministre délégué à la Défense, Paul Koffi Koffi, s'était rendu sur place mercredi soir.
"C'est un acte condamnable, a indiqué jeudi à l'AFP le secrétaire-général du PDCI Alphonse Djédjé Mady, "la Côte d'Ivoire a suffisamment souffert comme cela, il faut que les Ivoiriens se ressaisissent".
"Nous souhaitons que cela soit un acte isolé.En dehors de cet incident, je n'ai pas eu d'échos d'affrontements ailleurs", a-t-il ajouté.La campagne doit s'achever vendredi soir.
L'attaque meurtrière de Grand-Lahou souligne que, malgré une nette amélioration, la situation sécuritaire reste fragile, en particulier dans l'ouest, qui fut le théâtre des pires tueries pendant la crise.
De nombreuses armes circulent
Conséquence de plus d'une décennie de crise politico-militaire, de nombreuses armes circulent librement dans le pays, fusils artisanaux, kalachnikovs mais aussi lance-roquettes.
La sécurisation des opérations électorales constitue, avec le taux de participation, un des grands enjeux du scrutin de dimanche, le premier organisé depuis la présidentielle contestée de novembre.
Quelque 25.000 éléments des forces de l'ordre ivoiriennes doivent être déployés, soutenus par 7.000 membres de la mission de l'ONU (Onuci).
Sur le plan politique, la victoire du camp Ouattara ne fait guère de doute.La coalition au pouvoir devrait obtenir la majorité des 255 sièges, ses principaux adversaires, notamment le Front populaire ivoirien (FPI) de M. Gbagbo, boycottant le scrutin.
Depuis plusieurs jours, le FPI publie à la une du quotidien pro-Gbagbo "Notre Voie" un message à ses sympathisants: "camarade, tu n'es pas concerné, reste chez toi".Environ 5,7 millions d'inscrits sont appelés aux urnes pour ce vote à un tour.
Mais selon des sources concordantes, il y aurait au total une centaine de candidats FPI qui ont bravé le boycott pour se présenter en "indépendants".
En refusant de reconnaître sa défaite à la présidentielle, Laurent Gbagbo, 66 ans, avait plongé le pays, qui espérait tourner la page d'une décennie de tourmente, dans sa plus grave crise, conclue par deux semaines de guerre à Abidjan.
Arrêté le 11 avril puis détenu à Korhogo (nord ivoirien), M. Gbagbo a été transféré le 30 novembre à La Haye.Il est soupçonné par la Cour pénale internationale d'être "coauteur indirect" de crimes contre l'humanité commis par ses forces lors de la crise post-électorale.
Son transfèrement, qualifié de "déportation" par ses partisans, juste avant l'ouverture de la campagne électorale, a été abondamment commenté en Côte d'Ivoire mais n'a suscité aucun trouble.
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