Mali: regain de tension à Bamako où l'ex-junte a fait évacuer la télévision

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BAMAKO (AFP) - (AFP)

La situation restait tendue mercredi à Bamako où l'ex-junte militaire, qui avait accepté de rendre le pouvoir aux civils après son coup d'Etat du 22 mars, a fait évacuer la télévision nationale, cible lundi d'une attaque des forces loyales au président déchu Amadou Toumani Touré.

Les ex-putschistes "ont demandé de manière nerveuse à quasiment tous les employés de l'ORTM (la radio-télévision malienne) d'évacuer les lieux et de rentrer chez eux", a déclaré à l'AFP un salarié sous couvert de l'anonymat.

Peu avant, un engin blindé léger de l'ex-junte avait tiré une fois en l'air à proximité de l'ORTM, désormais totalement contrôlée par l'ex-junte qui renforcé son dispositif militaire autour du bâtiment, selon cette source.

La situation a provoqué la panique dans ce quartier où la plupart des banques ont fermé et une partie de la cité administrative, siège de plusieurs ministères, a été évacuée spontanément par ses occupants.

L'ORTM, l'aéroport de Bamako et le camp de Kati, base des ex-putschistes à 15 km de la capitale, ont été lundi la cible d'attaques de parachutistes "bérets rouges" fidèles au président renversé Amadou Toumani Touré (ATT), qui ont été repoussées par les partisans du capitaine Amadou Haya Sanogo, chef de l'ex-junte qui avait pris le pouvoir avant de le rendre aux civils.

Après ces violences, qui ont fait au moins 22 morts et des dizaines de blessés -des militaires des deux camps et quelques civils-, le capitaine Sanogo avait assuré mardi que la situation était "sous contrôle" à Bamako.

Mercredi dans la ville-garnison de Kati, quasiment tous les accès étaient tenus par des ex-putschistes très nerveux qui contrôlaient les véhicules et les motos, a constaté un correspondant de l'AFP.

Le capitaine Sanogo avait désigné les auteurs des attaques de lundi comme étant des "mercenaires" associés aux éléments du 33e Régiment de commandos-parachutistes (RCP) basés au camp de Djikoroni, dans le centre de Bamako, dont les ex-putschistes ont repris le contrôle.

Le chef d'état-major des armées, le colonel-major Ibrahim Dahirou Dembele, proche de l'ex-junte, a affirmé mardi soir que les assaillants avaient tenté de "conquérir" l'ORTM et l'aéroport "pour permettre l'arrivée de renforts extérieurs", puis attaquer la caserne de Kati "avec pour objectif l'assassinat de chefs militaires et particulièrement" du capitaine Sanogo.

Une source proche de l'ex-junte a fait état de 29 arrestations en marge des combats, des civils, des militaires, mais également des "étrangers" dont la nationalité n'a pas été communiquée.La télévision malienne a montré quelques images d'auteurs présumés des attaques dont l'un s'est présenté comme étant un "Burkinabè".

Mercredi en fin de matinée, une délégation de l'ex-junte est arrivée à Ouagadougou pour rencontrer le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) dans la crise, selon une source proche de la médiation.

Une précédente rencontre prévue mardi avait été annulée après les troubles à Bamako.

Le capitaine Sanogo a assuré que les attaques de lundi ne remettaient pas en cause l'accord-cadre sur le retour du pouvoir aux civils conclu le 6 avril avec la médiation burkinabé.

"L'accord-cadre demeure, le président est là, le gouvernement demeure.C'était un problème interne qui est géré et qui n'a rien à voir", a déclaré le jeune officier à l'ORTM.

Le capitaine avait rejeté la semaine dernière les décisions prises à Abidjan lors d'un sommet de chefs d'Etat de la Cédéao, dont l'envoi de soldats dans son pays pour sécuriser la transition après le putsch.

Il a rejeté aussi la décision de la Cédéao de fixer la période de transition à douze mois, jusqu'à la tenue d'élections présidentielle et législatives.

Le coup d'Etat du 22 mars a profité à divers groupes armés (islamistes, rebelles Touareg, criminels) qui ont pris le contrôle du nord du pays.

L'un d'eux, le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) a réclamé mercredi le paiement d'une rançon d'un total de 45 millions d'euros et la libération de prisonniers en Algérie et en Mauritanie en échange de la libération de 9 otages, sept Algériens, une Italienne et une Espagnole.

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