L'ANC, le parti au pouvoir en Afrique du Sud, va retirer sa plainte après avoir obtenu le décrochage d'un portrait du président Jacob Zuma exhibant son sexe, ont indiqué les protagonistes de cette polémique nationale mercredi.
La signature d'un protocole d'accord entre l'ANC, la galerie de Johannesburg qui exposait l'oeuvre et l'artiste met fin à deux semaines agitées, pendant lesquelles le parti a tout fait pour faire décrocher le tableau, multipliant les communiqués vengeurs, portant plainte en justice et organisant des manifestations.
Ce tableau "était terriblement offensant", a souligné le porte-parole de l'ANC Jackson Mthembu lors d'une conférence de presse commune.
"The Spear" (la lance), parodiait une affiche soviétique en montrant Jacob Zuma sous les traits d'un Lénine, le sexe dénudé.Ce tableau de Brett Murray, un artiste coutumier des détournements provocateurs, était perçu comme une atteinte à la dignité de la fonction présidentielle et de la personne de M. Zuma.
Jackson Mthembu a toutefois relevé que l'ANC n'avait pas voulu fermer la Goodman Gallery qui l'exposait, ni empêcher la tenue de l'exposition en cours, très critique envers le parti au pouvoir.
"Nous n'aimons pas forcément de nombreux tableaux qui sont exposés ici, mais nous respectons le droit de la Goodman Gallery.(...) Nous respectons le droit à la liberté d'expression artistique", a-t-il ajouté, s'exprimant d'ailleurs devant les mots "Promesses, promesses, promesses", en grosses lettres rouges.
"Il faut voir une exposition dans son entier", a renchéri Liza Essers, la directrice de la galerie.
La soixantaine d'oeuvres de l'exposition et son titre "Salut au voleur II" sont autant d'allusions aux affaires de corruption qui minent le parti qui a libéré l'Afrique du Sud de l'apartheid.
"The Spear", vandalisé et maculé de peinture le 22 mai, a été décroché.
La galerie avait fermé ses portes, et la direction s'était excusée d'avoir provoqué un tel émoi dans le pays.Elle devait rouvrir avant mercredi soir, mais sans le tableau controversé, a noté Mme Essers.
"En signe de bonne volonté, et vu que la peinture est maintenant largement (passée) dans le domaine public, je vais maintenant l'enlever, à un certain moment, de notre site internet", a-t-elle ajouté, notant que l'accord passé avec le parti dominant ne faisait aucunement référence à l'internet.
Le secrétaire général de l'ANC Gwede Mantashe avait triomphalement annoncé mardi que la galerie avait accepté de retirer "The Spear" de son site.Le parti avait obtenu la veille que City Press, l'hebdomadaire qui avait le premier parlé du tableau, en retire la reproduction du sien.
"Sommes nous fascistes?" pour avoir réussi à faire retirer cette oeuvre gênante, s'est interrogé Jackson Mthembu."Nous ne le sommes pas.Nous n'avons tué personne, ni même menacé quiconque!"
"Il y a eu des menaces contre des membres du personnel de la galerie, contre la galerie", a rétorqué Liza Essers."Je ne crois pas que des manifestations et des boycotts soient la meilleure façon de procéder.je crois que le dialogue aurait été plus approprié".
Le tableau a été vendu à un collectionneur allemand, qui le veut tel quel, même vandalisé.
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