Les partisans du "oui" au référendum constitutionnel au Kenya célébraient leur victoire jeudi au lendemain du vote, alors que se poursuivait le dépouillement des bulletins et que le camp adverse a d'ores et déjà concédé sa défaite.
Défendue par le président Mwai Kibaki et le Premier ministre Raila Odinga, la nouvelle Constitution est censée renforcer la démocratie dans les institutions et engager une réforme foncière cruciale.
"Notre victoire, qui sera bientôt confirmée par la commission électorale indépendante intérimaire, est la victoire de tous les Kényans (...)", s'est félicité Kiraitu Murungi, ministre de l'Energie et l'un des principaux dirigeants du camp du "oui".
"Le fier peuple kényan s'est exprimé haut et fort.Nous prenons acte de ce geste audacieux", a lancé M. Murungi se réjouissant "d'une vraie renaissance pour le Kenya".
Peu après, le leader du camp du "non, le ministre de l'Enseignement supérieur William Ruto, a concédé la défaite: "nous avons accepté le verdict de la majorité au référendum (...)", a-t-il déclaré à la presse, proposant cependant "un mécanisme de consultation pour déterminer comment les sujets de contentieux dans la Constitution peuvent être amendés".
Selon les derniers résultats provisoires, portant sur 7,5 millions de bulletins dépouillés (sur 12,4 millions d'électeurs inscrits), le "oui" obtient un peu plus de 5,2 millions des voix contre 2,3 millions pour le "non".
Avec 12,4 millions d'électeurs enregistrés et un taux de participation évalué à environ 70%, la majorité absolue pour ce scrutin se situe aux alentours de 4,3 millions des suffrages exprimés.
La commission électorale poursuivait en début d'après-midi son travail de compilation des résultats, et se gardait logiquement de déclarer aucun vainqueur.
En attendant la proclamation de ces résultats, le président de la commission Issack Hassan a appelé les Kényans "à la patience" et les camps rivaux au référendum "à respecter l'autorité de la commission".
Le référendum de mercredi s'est déroulé sans incident notable, contrastant avec les violences meurtrières qui avaient accompagné la réélection controversée du président Kibaki le 27 décembre 2007 face à son adversaire, M. Odinga, devenu depuis Premier ministre d'un gouvernement d'union nationale.
Le vote de mercredi a eu lieu "de manière pacifique.Il n'y a eu aucun incident", selon le chef de la police nationale Mathew Iteere.
Quelque 70.000 membres des forces de sécurité avaient été déployés dans le pays, pour prévenir toute violence au terme d'une campagne électorale tendue, marquée par une attaque à la grenade à Nairobi (6 morts) le 13 juin au cours d'un rassemblement du "non".
Le nouveau texte fondamental vise à rendre les institutions du pays plus démocratiques, crée une chambre haute du Parlement (Sénat) et renforce les attributions de l'Assemblée nationale pour contrebalancer le pouvoir du président, qui peut faire l'objet d'une procédure de destitution.Il prévoit également une réforme foncière cruciale.
Le texte, qui supprime le poste éphémère de Premier ministre, devrait entrer pleinement en vigueur à compter des élections générales fin 2012.
D'ici là, le Premier ministre Odinga devrait rester à la tête du gouvernement d'union nationale installé par un accord du partage du pouvoir en février 2008.
La presse kenyane n'a pas attendu la proclamation des résultats officiels pour saluer l'avènement d'une ère nouvelle.
"Le chaos qui a précédé et accompagné les élections générales successives a été relégué au rang des lointains souvenirs par les files d'attentes ordonnées d'hier", se félicitait le quotidien privé le Standard.
Les violences post-électorales de fin 2007-début 2008 avaient fait 1.500 morts, alimenté les ressentiments ethniques, sapé la confiance des électeurs dans leurs institutions et mis à mal l'image de stabilité du pays.
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