Crise en Guinée: le président reçoit partis politiques et société civile

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CONAKRY (AFP) - (AFP)

Le président guinéen Alpha Condé a reçu lundi des représentants de la classe politique et de la société civile, a constaté un journaliste de l'AFP, alors que la Guinée est confrontée depuis plusieurs jours à des violences ayant fait au moins six morts la semaine dernière.

"J'ai décidé de mettre en place un cadre permanent de concertation sous l'égide du Premier ministre", Mohamed Saïd Fofana, a déclaré le président Condé à l'ouverture de la rencontre, au palais présidentiel.

Il n'a pas fourni de précisions mais a exhorté à l'apaisement: "Je lance un appel solennel, pour éviter la violence".

La réunion, qui a duré moins d'une heure, "avait pour but de rechercher les voies et moyens de sortir de la crise que traverse le pays, née de la contestation de l'opposition qui exige des élections législatives libres et transparentes", a dit à l'AFP une source proche de la présidence.

L'opposition a multiplié les manifestations pour exiger des législatives libres et transparentes, un scrutin repoussé depuis 2011 et maintenant fixé au 12 mai.Le 23 février, elle avait annoncé qu'elle se retirait du processus de préparation des législatives en dénonçant l'absence de dialogue avec le pouvoir et la commission électorale, tout en précisant qu'elle n'envisageait pas de boycotter le scrutin.

Le porte-parole de l'opposition guinéenne, Aboubacar Sylla, qui a conduit la délégation des opposants, a exprimé sa déception à l'issue de la rencontre, affirmant: "Nous sommes venus pour rien".

"Le président nous a dit qu'il allait mettre en place un cadre permanent de concertation sous l'égide de son Premier ministre qui allait nous contacter à une date indéterminée avec, à la clé, aucun calendrier, aucun agenda", a ajouté M. Sylla.

"Nous ne voulons pas d'un simulacre de dialogue, nous ne voulons pas d'une opération de communication destinée à présenter ce pouvoir comme un pouvoir qui tend la maison à son opposition", a-t-il poursuivi, en réclamant notamment le "gel du processus électoral", la libération des militants de l'opposition arrêtés.

Le camp de la majorité présidentielle a, lui, salué la rencontre.

Le président Condé "est en train d'écouter son peuple parce qu'aujourd'hui, il a fait appel à tous les partis politiques pour qu'ensemble, nous trouvions des solutions à nos problèmes pour aller de l'avant", a affirmé El-Hadj Bouna Kéita, chef du Rassemblement guinéen pour la prospérité (RGP, mouvance présidentielle).

"Il faut aller maintenant aux élections, (...) les investisseurs étrangers ne viendront jamais en Guinée tant que le pays n'est pas sur la voie de la normalisation", a ajouté M. Kéita, en exhortant au calme.

La Guinée a connu la semaine dernière plusieurs jours de violences, qui ont fait au moins six morts - cinq civils et un policiers - à Conakry et plus de 200 blessés.Selon le gouvernement, ces heurts ont conduit à l'arrestation de 62 personnes.

Les violences avaient débuté le 27 février dans la capitale, alors que l'opposition avait mobilisé des milliers de personnes dans la rue à Conakry et dans les régions pour réclamer des législatives transparentes.

Les heurts se sont poursuivis le 28 février à Conakry, coïncidant avec une journée ville morte à l'appel de l'opposition, mais également le 1er mars.

De nouveaux heurts ont opposé lundi dans la capitale des forces de l'ordre et des individus qui tentaient de saccager et piller des boutiques, alors que tous les marchés de Conakry étaient fermés à l'appel de commerçants réclamant des dommages après avoir été victimes de pillages durant les violences de ces derniers jours, a rapporté le journaliste de l'AFP.Selon des témoins, les marchés sont également fermés à Pita, Labé (nord) et Mamou (centre).

Dans un communiqué transmis à l'AFP par la présidence guinéenne, le gouvernement a fait état d'attaques de domiciles privés, qui sont saccagés ou brûlés par des "bandes munies d'armes blanches et de cocktails incendiaires" dans la banlieue de Conakry.

"Trente-six blessés ont été admis dans les centres médicaux" en banlieue, la police et la gendarmerie sont déployées "afin d'empêcher de nouvelles exactions et rétablir l'ordre" et les sapeurs-pompiers "s'activent à éteindre les incendies", affirme-t-il.

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